« Ma seule solution, c'était d'arrêter » : ancienne externe en médecine, elle devient vidéaste tout autour du globe

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L’externat est une période souvent difficile, rythmée par les stages à l’hôpital et la préparation du concours des EDN. En perte de sens, Chloé a décidé d’arrêter ses études au début de sa cinquième année, en 2021. Aujourd’hui vidéaste pour une agence de voyage, la bretonne de 25 ans revient sur son parcours.

« Ma seule solution, c'était d'arrêter » :  ancienne externe en médecine, elle devient vidéaste tout autour du globe

Chloé Crétois, de médecin à vidéaste...

© DR.

« Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous un chapitre un peu particulier de ma vie : j’ai arrêté médecine en cinquième année ». Voilà comment débute la première vidéo YouTube « face-caméra » de Chloé Crétois. 
La globe-trotteuse de 25 ans, qui publie régulièrement des films de voyage sur ses réseaux sociaux, a fermé le chapitre de la médecine en 2021 pour se lancer à 100% dans sa nouvelle vie de vidéaste. Elle travaille aujourd’hui dans une agence de voyage. Une reconversion heureuse et réfléchie. Pourtant, à son entrée à la faculté, rien n’aurait pu la détourner de son objectif. 

« J’avais cette envie de faire médecine depuis le collège », se souvient Chloé. « J’avais lu le témoignage d’une médecin qui travaillait au sein des pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM). J’ai trouvé ça incroyable de voir des médecins aller sur le terrain pour aider des gens en difficulté. » 
Intéressée par les sciences et portée par l’envie d’un métier au contact des autres, Chloé s’inscrit donc en PACES à la faculté de Brest et réussit le concours du premier coup, en 2017. 
En troisième année, portée par des envies d’ailleurs, elle s’envole pour les Canaries, dans le cadre d’un Erasmus. « Tout d’un coup, il y a eu de nouveaux enjeux. J’allais être loin de ma famille, sans connaître personne, vivre dans une autre langue… C’était palpitant ! » 
Une fois sur place, Chloé intègre la promotion des étudiants en quatrième année locaux et fréquente davantage l’hôpital que ses amis restés à Brest. « Je suis passée en stage en médecine interne, cardiologie puis gériatrie. Ça s'est super bien passé. J’étais très encadrée et il y avait une super ambiance avec les autres étudiants et les médecins.» 
Fascinée par la beauté de l’archipel, l’étudiante achète un drone et commence à filmer des paysages sur son temps libre. Elle se perfectionne ensuite lors d’un voyage en solitaire dans le Sud de la France. 

« Un jour, une cheffe de service m’a forcée à faire un geste médical que je n’avais jamais fait. Ça a été violent ! »

Mais à la rentrée, Chloé doit troquer son matériel vidéo pour les piles de collèges de médecine… Et c’est le choc. « Le contraste avec mon ERASMUS était énorme. Il y avait une grosse charge de travail et beaucoup de pression en stage, avec de gros horaires. Je voyais que les internes autour de moi étaient au bout du rouleau. » 
À mesure que l’année avance, la jeune femme se sent de plus en plus mal en stage. « Il y a un truc qui m’a marquée, presque traumatisée. Un jour, une cheffe de service m’a forcée à faire un geste médical que je n’avais jamais fait. Ça a été violent, à la fois pour moi et pour le patient. J’étais de plus en plus stressée, j’ai commencé à faire des crises d’angoisse en allant à l’hôpital, j’appelais mes parents en pleurs. A la fin de l’année, je suis passée en pédopsychiatrie et j’ai été confrontée à des adolescents qui voulaient se suicider. C’était le stage de trop. »

« J’ai commencé à faire des crises d’angoisse en allant à l’hôpital »

Chloé se dit d’abord que le problème vient peut-être de l’hôpital, qu’une fois diplômée, ça ira mieux. Puis elle se ravise. « Ça me paraissait encore si loin, il me restait l’externat à finir puis ensuite tout l’internat. » 
Surtout, l’étudiante réalise que la prise en charge des patients et la démarche diagnostique ne l’intéressent pas plus que ça. « Je savais que si je continuais dans ces études, j’allais m'abîmer et je n’en avais vraiment pas envie. Ma seule solution, c'était d'arrêter. » 
Elle réussit à valider sa quatrième année puis décide de faire une année de césure. « Quand ma demande a été acceptée, j’ai tout de suite senti une joie immense. J’ai recommencé à chanter, à danser alors que ça ne m'était pas arrivé depuis des mois », sourit-elle.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/jai-prefere-arreter-dexercer-la-medecine-daujourdhui-ne-me-convenait-pas-aujourdhui-jaide

Aujourd'hui, Chloé a un job de rêve qui lui a permis visiter 18 pays en 3 ans

Chloé se donne alors un an pour changer de voie et devenir autonome financièrement. Elle repense à la vidéo, une passion développée lors de son Erasmus et décide de se former en autodidacte et d’investir dans du nouveau matériel. 
Elle signe très vite ses premiers contrats pour filmer des mariages ou réaliser des publicités pour des entreprises. Puis viennent les premiers films à l’étranger, au Maroc et en Suisse. Jusqu’à décrocher un CDI comme vidéaste en agence de voyage, 10 mois seulement après avoir arrêté la médecine. 
Un « job de rêve » qu’elle occupe toujours et qui lui a permis de visiter 18 pays en 3 ans. Aujourd’hui, Chloé ne regrette rien. « Je sais que je ne reviendrai pas à la médecine, je suis beaucoup plus heureuse maintenant. » 
C’était donc le bon moment pour raconter son parcours sur sa chaîne Youtube. « À l’époque, je cherchais ce genre de vidéos et je ne les trouvais pas. J’espère que mon témoignage pourra aider des étudiants qui se posent des questions. »

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