Les nouvelles infirmières soulagent-elles les médecins ?

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Pour clore deux jours de rencontres sur le rôle des médecins, le syndicat ReAGJIR a questionné la place de la charge administrative dans l'exercice de la médecine libérale.

Les nouvelles infirmières soulagent-elles les médecins ?

Sous les lumières de l’estrade, les interlocutrices racontent la surcharge de travail, la fatigue et les nouvelles missions. Afin de conclure deux jours d’échanges, le syndicat ReAGJIR a organisé, le 8 novembre, une conférence sur les nouveaux métiers dédiés à la pratique de la médecine libérale. 
“Nous avons un grand rôle dans la prévention ou le suivi médical. Nous coordonnons les parcours de soins entre les différents médecins”, commence Isabelle Charlot. Cette infirmière Asalée détaille la prise en charge des patients chroniques, le temps nécessaire aux soins et les salaires très bas. Elle raconte aussi le temps gagné par les médecins et les débuts difficiles. Même analyse du côté de Séverine Lagney, coordinatrice de la MSP Paul Cézanne en Champagne-Ardenne. “Dans la maison de santé, tous les médecins se pensent chef. J’ai plus l'impression d’avoir un rôle maternel avec eux qu’autre chose. On est là pour leur faire gagner du temps, on enlève toute la partie pénible et eux font le projet.” Elle décrit des batailles d’égo, le manque de reconnaissance et l’accumulation des missions. “Les médecins ont pris goût à ce partage des tâches, résultat ils veulent monter beaucoup de projets. Et moi je ne peux pas suivre.” 

Du temps pour soi 

Avec le métier d’infirmièr.e en pratique avancée (IPA), l’idée de ces trois métiers “c’est de faire gagner du temps aux médecins libéraux”, explique Annelore Coury, directrice déléguée à la gestion et à l'organisation des soins à la CNAM. “Et ce temps administratif, vous allez pouvoir l’utiliser pour vos patients, pour en recevoir plus”. Dans la salle, une généraliste s’empare du micro. Marie est installée depuis trois ans et demi en libéral. “La génération qui commence à pratiquer la médecine a une relation différente avec ces patient.e.s. Les temps d'hospitalisation sont plus courts, les maladies chroniques plus nombreuses. Résultat, les rendez-vous en cabinet sont plus longs.” Entre les consultations et la gestion administrative, elle décrit ses journées qui s'étalent jusqu’à 22 heures. “L’objectif n’est pas de vous faire travailler plus, mais que ce temps consacré à l’administratif soit délégué aux patients.”
En d’autres termes, les relations avec le corps médical, la gestion des rendez-vous, mais aussi certains actes médicaux peuvent être délégués aux infirmier.e.s ou aux coordinateurs. Sauf que “je ne suis pas sûre de vouloir recevoir des patients à ce moment-là, entre 20 heures et 22 heures, parce que sincèrement je suis trop fatiguée”, rétorque Marie. Dans la salle les témoignages s'enchaînent et se ressemblent. “Le temps administratif est en plus de nos patients. Souvent le soir. À cette heure-là, qui peut réussir à entendre un.e patient.e”, lance un généraliste. “L’idée c’est de vous faire gagner du temps administratif pour le transformer en temps soignant”, lui répond Annelore Coury. Un peu plus loin, Clément raconte qu’il voit 850 patients par an. “Je suis en incapacité totale d’en recevoir d’autres. Incapable ! Je ne veux pas avoir à gérer les entretiens de recrutement, faire les fiches de paie tous les mois, etc. Je veux réduire cette charge administrative pour avoir du temps pour moi.” 
 
 

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