Les carabins européens contre les conflits d'intérêts

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L’European Medical Students’ Association (EMSA) a adopté le 26 avril dernier un programme contre les conflits d’intérêts en médecine. Entre praticiens, universités, hôpitaux et industries pharmaceutiques, l’EMSA estime qu’il faut de plus de prévention, en particulier pour les étudiants.

Les carabins européens contre les conflits d'intérêts

Les étudiants veulent apprendre… à se défendre contre de mauvaises influences ! À l’issue d’une assemblée tenue en Allemagne le 24 avril 2019, l’European Medical Student Association (EMSA) a exposé sa stratégie contre les conflits d’intérêts. L’association non gouvernementale souligne les risques encourus pour le patient si un médecin n’a pas été formé ou informé quant aux enjeux qu’entraînent les conflits d’intérêts. 

L'asso européenne dénonce un schéma dangereux. Schéma qui commence par le manque de formation des étudiants sur les relations médecin-industrie. Au final, “ils risquent de compromettre leur indépendance et leurs capacités décisionnelles, ce qui influe sur la prise en charge des patients”.

Le slalom des influences

Entre la médecine et l’industrie pharmaceutique, les rapports peuvent être très proches. Un conflit, pour l’ENSMA, c’est “un ensemble de conditions qui vont influencer un jugement [ici médical, ndlr] en détournant son intérêt primaire [ici le bien-être du patient] au profil d’intérêts secondaires.”. Ça s’est fait. À la suite de cela, l’EMSA énonce une série de propositions visant à contrer “l’implication des sociétés pharmaceutiques dans l’éducation médicale [qui] conduit les étudiants à avoir un avis plus positif sur l'industrie pharmaceutique”.

“Les étudiants en médecine observent les médecins tout au long de leur formation et apprennent par l’exemple.” Plusieurs études citées confirment que lorsque les universités de médecine ont inclus un programme sur la gestion des conflits d’intérêts, cela “s’est avéré avoir une incidence positive importante sur les comportements de prescriptions des médecins”. Et malheureusement, il n’existe pas de politique de transparence sur les conflits commune en Europe (à part quelques universités en Allemagne et en France). 

Médecine et industries, il faut couper le cordon

Une des solutions possibles serait similaire à celle énoncée par l’American Medical Students’ Association (AMSA) : The Model PharmFree Curriculum. Un programme pédagogique sur “les conflits d’intérêt, la médecine factuelle ou Evidence Based Medecine (EBM), ainsi que sur la mise au point, la commercialisation et l’approbation de médicaments.” .

En plus de ce modèle, l’EMSA propose une liste d’objectifs qui responsabilisent les universités et les hôpitaux, les membres d’institutions européennes et l’EMSA elle-même. Parmi ces objectifs on retrouve : “sensibiliser l’opinion publique sur la transparence des collaborations dans le domaine de la santé”, “mise en place de réglementations pour les conflits d’intérêts” ou “suivre l’appel de la Cour d’Europe 6.1.1”(1). En attendant de voir ces changements, l’OMS propose un guide pour les étudiants et professionnels de la santé afin de s’armer contre les conflits d’intérêts néfastes (180 pages, allez, ça se lit tout seul).

Source:

(1)  “intégrer, dans le programme d’études destiné aux professionnels de la santé, une formation spécifique et obligatoire afin de favoriser la sensibilisation à l’influence de la promotion des produits pharmaceutiques et à la façon de réagir”

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