Le Truvada à titre de prévention contre le VIH : une incitation à bouder le préservatif ?

Article Article

L’avis de Michel Ohayon, médecin au Centre de santé sexuelle 190 (Paris)

Le Truvada à titre de prévention contre le VIH : une incitation à bouder le préservatif ?

Depuis leur présentation officielle à Seattle le mercredi 25 février, les résultats plus que prometteurs de l’enquête Ipergay font beaucoup parler d’eux. En effet, l’étude annonce que le fait de prendre une pilule bleue avant et après chaque rapport sexuel permettrait de réduire les risques d’infection au VIH de 86%.

Pourtant, des inquiétudes subsistent. Une crainte en particulier continue d’être fréquemment évoquée : celle de l’incitation au délaissement du préservatif au profit du Truvada. Sur ce point, le Dr Michel Ohayon, qui travaille au centre de santé sexuelle 190 ( Paris) est catégorique : «  L’essai Ipergay s’adresse à des personnes qui n’arrivent plus à gérer leur prévention sexuelle. Des individus souvent incapables de se contrôler au moment de l’acte et de penser à se protéger. Le débat selon lequel il faut choisir entre la capote et le Truvada est donc complètement absurde, puisque on parle de personnes qui n’arrivent pas à utiliser le préservatif ! Alors que le traitement séquencé de la PrEP peut inciter la personne à y penser davantage. Prenons l’exemple d’une personne qui n’arrive pas à faire des rencontres sans boire de l’alcool. Quand elle ouvre sa bouteille, elle sait ce qui va se passer ensuite et peut donc prendre un comprimé avant de sortir. Puis un autre en rentrant chez elle. Bien sûr, il n’est pas toujours possible de savoir à l’avance : c’est là toute la force et la faiblesse du Truvada pris à titre préventif ». 

Cependant, Michel reste dubitatif sur les résultats de l’étude Ipergay « Une chose est claire dans cet essai, c'est l'efficacité de la molécule. Mais le dispositif d'accompagnement laisse un peu plus perplexe au vu de l'énorme incidence du VIH dans le bras placebo, qui est de 6,8%. Et la durée de l'essai (qui n'est pas terminé) ne permet pas encore d'apprécier une éventuelle usure dans le temps de l'indispensable observance au médicament.». 

Source:

Léa Drouelle

Les gros dossiers

+ De gros dossiers