Le téléconseil médical comme si vous y étiez

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Anne, généraliste et téléconseillère à ses heures (pas vraiment) perdues

Le téléconseil médical comme si vous y étiez

Anne*, 31 ans, généraliste marseillaise, consacre une partie de son temps à répondre aux questions des clients de la plateforme de téléconseil Medaviz. Elle raconte à What’s up Doc pourquoi et comment.

 

What’s up Doc : Qu’est-ce qui vous motive dans l’activité de téléconseil ?

Anne : La médecine évolue, je ne veux pas rater le coche. Mieux vaut être l’intérieur du changement que le regarder de l’extérieur. C’est pour ça que j’ai commencé à travailler avec Medaviz.

WUD : Ce n’est donc pas pour arrondir vos fins de mois ?

A : Pas du tout ! Actuellement, Medaviz est une start-up encore jeune, et je n’ai pour ma part qu’environ trois appels par jour. Je les prends depuis mon cabinet, quand j’ai un trou. Cela complète mon activité, j’y consacre environ une heure dans la journée. Je le fais de façon un peu ludique, et surtout parce que ça répond à vrai besoin.

WUD : Comment définiriez-vous ce besoin ?

A : C’est un peu de la régulation, nous participons en quelque sorte au désengorgement des cabinets médicaux et des urgences. Les gens sont de plus en plus stressés. Ils ont besoin d’une réponse rapide de la part de quelqu’un de compétent, pas leur grand-mère ou leur copain interne qui en a marre d’être sollicité par tous ses amis. Le motif d’appel le plus fréquent, c’est l’oubli de pilule. Mais il y a aussi ce père que j’ai eu au téléphone l’autre jour : son bébé de huit jours avait 38°8 de fièvre. Je lui ai dit de filer aux urgences pédiatriques immédiatement. J’ai par la suite su que c’était une méningite. S’il avait attendu, c’était peut-être terminé pour son bébé.

WUD : N’y a-t-il tout de même pas un côté un peu répétitif dans les questions posées par les utilisateurs ?

A : Non, au contraire, c’est très stimulant. Vous ne faites pas de diagnostic, vous ne faites pas de prescription, vous faites du conseil. C’est un autre métier, il faut s’adapter, travailler sans le côté technique, les examens. Ca n’est pas de la bobologie, c’est de l’accompagnement et de l’orientation.

WUD : N’avez-vous tout de même pas l’impression de participer à une certaine uberisation de la médecine, pour employer un terme à la mode ?

A : Il est certain que le téléconseil entre dans le cadre d’une forme de digitalisation du système. Cela peut en effrayer certains, par exemple à l’Ordre des médecins. On peut surtout avoir peur de deux choses : que l’on transforme la médecine en commerce, et que l’on engage notre responsabilité en faisant du diagnostic par téléphone. Pour ce qui est de l’aspect commercial, de toute façon le téléconseil va se développer, il faudra bien trouver des terrains d’entente. Et pour la responsabilité, en réalité, c’est pareil quand vous êtes au cabinet. Vous avez une obligation de moyens, pas de résultat. A partir du moment où vous respectez les règles du téléconseil, il n’y a pas de problème. Et à la fin de l’appel, on précise toujours la même chose : « ceci est un conseil ».

 

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* Le prénom a été modifié.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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