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Le 28 mai 2025, la Cour criminelle du Morbihan a condamné Joël Le Scouarnec à vingt ans de réclusion criminelle, assortis d’une peine de sûreté. Cette décision, attendue après trois mois d’un procès d’une intensité exceptionnelle, met un terme judiciaire à l’un des scandales les plus retentissants de l’histoire médicale française.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), partie civile dans cette affaire, a salué un jugement à la hauteur de la gravité des faits. Il « prend acte de cette condamnation relative à des faits d’une extrême gravité », tout en reconnaissant que « ce procès a mis en évidence les défaillances des institutions dans le suivi de la carrière de Joël Le Scouarnec ».
« Des regrets » pour un défaut de vigilance
Le CNOM n’élude pas sa part de responsabilité : « Le Conseil national a exprimé ses regrets à plusieurs reprises pour ces insuffisances qui ont pu entacher l’exercice de sa mission de vigilance et de contrôle qu’il doit à la population ». Si la justice a tranché, la profession médicale se retrouve confrontée à un impératif d’introspection. Car cette affaire, par son ampleur, révèle les limites d’un système de contrôle censé garantir la probité de ceux qui soignent.
Au-delà du cas individuel de Joël Le Scouarnec, le CNOM insiste sur la nécessité d’apprendre des dysfonctionnements : « Ce procès aura également permis à la société, et aux institutions, de regarder les faits en face ». Une étape que le Conseil juge « indispensable », sans pour autant croire qu’elle suffira à effacer les souffrances infligées.
« Leur courage a été essentiel »
Les victimes ont été au cœur de ce procès, par leur témoignage et leur courage. Le CNOM leur adresse un message fort : « À toutes les victimes, le CNOM exprime son profond soutien et ses sincères regrets. Leur courage a été essentiel pour que justice soit rendue ». Sans ces voix, les faits seraient peut-être restés enfouis.
Des violences encore trop fréquentes
Si l’affaire Le Scouarnec est qualifiée d’« exceptionnelle par son ampleur », elle n’est pas un cas isolé. Le CNOM le rappelle : « Les VSS commises par des médecins ne sont pas des faits isolés ». L’enquête menée en novembre 2024 par l’Ordre sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) au sein du corps médical en a livré une démonstration chiffrée et préoccupante.
L’institution entend désormais intensifier sa réponse : « Le Conseil national de l’Ordre des médecins continuera d’agir avec détermination pour prévenir, signaler et sanctionner tout comportement indigne d’un médecin dès qu’il en aura la connaissance ». Il appelle aussi les victimes à recourir aux juridictions ordinales, pour engager des poursuites disciplinaires.
Appel à des réformes concrètes
Enfin, le CNOM plaide pour une réforme structurelle, en lien avec les pouvoirs publics : « Des actions concrètes, à la hauteur des enjeux » sont attendues, comme « la consultation systématique du bulletin n°2 du casier judiciaire et du FIJAIS par les instances ordinales ». Cette mesure, parmi d’autres, permettrait d’éviter qu’un tel drame puisse se reproduire.
L’affaire Le Scouarnec dépasse ainsi le cadre judiciaire : elle interroge en profondeur les mécanismes de contrôle, les solidarités silencieuses, et la capacité des institutions à faire barrage à l’impensable. La justice est passée, mais le chantier éthique, lui, ne fait que commencer.
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