Le radeau de La Méduse

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`A l’hôpital ou en ville, quel que soit le mode d’exercice, l’âge ou la spécialité, tous les médecins semblent souffrir du système de santé : contraintes administratives, tiers payant honni, décisions RH et restrictions budgétaires déconnectées de la réalité, perte de sens…

Le radeau de La Méduse

« J’apprécie mon exercice mixte salariat/libéral, mais je sens que le système est en train de foutre le camp. » Aude Van Effenterre, psychiatre à Paris.

 

« Ils taillent les ETP en mode jardin à la française, en regardant les services où il y en a le plus et élaguant par le haut, à la règle, ne tenant compte ni de l’activité, ni de la pénibilité, ne s’interrogeant pas sur l’amélioration de la qualité. On nous fait développer les lits d’hospitalisation de courte durée rémunérateurs, faisant payer à la Sécurité sociale des prises en charge dans les couloirs avec une surveillance faite par le voisin de brancard. » Yacine Lamarche-Vadel, urgentiste au CH de Fontainebleau (Seine-et-Marne).

 

« Les meilleurs s’en vont en silence, notamment les PU-PH qui vont dans les cliniques et hôpitaux privés où ils peuvent travailler, plus pour avoir les moyens de bien le faire que pour l’argent. On est dans la désespérance, d’autant plus forte qu’elle se traduit par le fait que les gens n’ont même plus la force de se rebeller. » Guy Vallancien, professeur d’urologie.

 

« On va dans le mur, on passe notre vie à refuser de nouveaux patients ou des consultations d’urgence. Personnellement, je me protège. Un généraliste de notre secteur est décédé. Nous sommes 3 dans notre cabinet, et l’un de mes confrères travaille comme un fou. S’il lui arrive quelque chose, je quitte le navire. » Émilie Couderc, généraliste en zone semi-rurale (Seine-et-Marne).

 

« Je plains mes collègues du CHR d’à côté, à la limite du burn-out. Leur directeur est commissionné pour ne pas créer de postes et ne pas remplacer les professionnels qui partent alors même que l’activité croît. Certes grâce à un an de poste non payé on achète un échographe, mais une équipe qui ne grossit pas représente un gros frein à l’attractivité de l’hôpital… » Julien Rousseaux, généraliste et nutritionniste en établissement privé.

 

« Le système meurt, on est tous en embuscade, on sait que ça va évoluer mais on ne sait pas vers quoi. On travaille en danger, sans moyens, avec des logiciels à faire convulser les gars du Genius Bar. Je plains les directeurs qui ont oublié d'être syndicalistes. Trois semaines pour retaper un papy diabétique coronarien insuffisant rénal qui saigne, c'est comme tailler un costard sur mesure. Sauf qu'on vous rétribue à la fin en T2A, et juste pour les chaussettes ! Au lieu de nous dire qu'on fait mal, les administrateurs devraient hurler contre la Sécu, et le mode de rémunération qui rend la mission impossible. » Henri Duboc, gastroentérologue et universitaire, Paris 7.

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