Le député-médecin, pilier d'hémicycle

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La figure du député-médecin reste assez méconnue, mais c’est loin d’être une espèce en voie de disparition. What’s up Doc en a rencontré deux : Michèle Delaunay (PS) et Bernard Accoyer (LR).

Le député-médecin, pilier d'hémicycle

« Quand je suis arrivée à l’Assemblée, c’est un second apprentissage qui a commencé ». Michèle Delaunay, 60 ans alors, venait de battre un certain Alain Juppé aux législatives de 2007 à Bordeaux. Elle décide alors d’abandonner son poste de responsable de l’unité de dermato-cancéro au CHU de Bordeaux, et de se jeter corps et âme dans sa nouvelle carrière.

Pour Bernard Accoyer, la rupture avec l’art d’Hippocrate fut plus progressive. Élu député de Haute-Savoie pour la première fois en 1993, cet ORL libéral a longtemps jonglé entre le Palais-Bourbon et sa clinique annécienne. Il n’a décroché sa plaque qu’en 2007.

Un médecin, ça fait propre sur soi

Point commun entre ces deux médecins si différents : on est venu les chercher pour des scrutins locaux. Michèle Delaunay s’était toujours tenue à l’écart de la politique, mais avait rencontré le chef de file socialiste aux municipales de 2001 pour une affaire d’urbanisme bordelais.

Quelques jours plus tard, le candidat lui a proposé d’être sur sa liste. « Il s’est dit : "elle a pas l’air trop con, et elle est médecin hospitalier, ce qui fait propre sur soi», décrypte-t-elle aujourd’hui. « Et puis il faut dire la vérité : c’était le premier scrutin où la parité était obligatoire, et ils avaient besoin de femmes. »

« Ça me cassait les pieds »

Bernard Accoyer était également très occupé par ses activités médicales avant de se lancer en politique. Il s’était contenté de prendre sa carte au RPR lors de l’élection de François Mitterrand en 1981, par « peur du communisme », explique-t-il.

C’est Pierre Mazeaud, figure locale et futur président du Conseil constitutionnel, qui l’a attiré dans la politique municipale. « Au départ, ça me cassait les pieds, j’avais une activité pas possible », se souvient le député. Mais il s’est laissé tenter, et est devenu maire d’Annecy-le-Vieux en 1989.

Rien ne dure… surtout en politique

De fil en aiguille, de scrutin municipal en élections législatives, ils se sont retrouvés députés. Mais ce n’était qu’une étape dans leur parcours. Élu président de l’Assemblée en 2007, Bernard Accoyer deviendra le quatrième personnage le plus important de l’État. Michèle Delaunay sera, elle, nommée en 2012 secrétaire d’État aux Personnes âgées et à l’Autonomie.

Mais les fonctions politiques sont moins stables que l'exercice médical… Bernard Accoyer a quitté le perchoir en 2012 pour cause d’alternance. Michèle Delaunay a été débarquée du gouvernement en 2014. Tous deux sont redevenus de simples députés. Enfin, pas tout à fait. Ils ont le sentiment d’être légèrement différents des camarades avec lesquels ils partagent les bancs de l’Assemblée.

« Être médecin, cela vous permet de conserver une certaine indépendance par rapport à la politique », remarque Michèle Delaunay. « J’ai continué à exercer le plus longtemps possible, parce que si j’étais battu, cela me permettait de reprendre mon activité », explique pour sa part Bernard Accoyer. Au-delà des divergences politiques, ces deux-là ont décidément beaucoup de points communs.

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