Le Cnom a-t-il un rôle politique ?

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Un rapide sondage auprès des collègues en blouse blanche permet de remarquer qu’il n’y a pas d’avis tranché sur la couleur politique du Cnom, et que peu sont enthousiastes en ce qui concerne son « rôle politique ». Pourtant, l’Ordre et la politique, c’est une histoire qui date.

Le Cnom a-t-il un rôle politique ?

Est-il encore nécessaire de rappeler l’origine « pétainiste »1 de l’Ordre des médecins ? Tel un fardeau, ce passé historico-politique qui hante le Cnom est encore un sujet d’étude pour certains, une époque à oublier pour d’autres. Initialement, l’Ordre était un organe public, dont les membres étaient nommés par le ministre. Ce n’est plus le cas, le Cnom est aujourd’hui un organisme privé chargé d’une mission de service public.

Sollicité par la rédaction, le président actuel du Cnom, le Dr Patrick Bouet, a refusé de s’exprimer sur le sujet de la politique. Un avis, même un rappel à la neutralité de l’Ordre nous aurait amplement suffi. Mais la question est sensible, d’autant plus que l’histoire récente fait tâche dans la sacrosainte neutralité clamée.

Quand on explore le rapport entre politique et Ordre des médecins, un nom revient très vite, celui du Dr Michel Legmann. Cet ancien président de l'Ordre, radiologue libéral, est un proche de Nicolas Sarkozy et fut son adjoint à la mairie de Neuilly. Un fidèle à qui l’ex-chef de l'État avait, en 2010, confié une mission sur les soins de premiers recours et la médecine libérale. Ses conclusions avaient été vivement attaquées2 par les syndicats de médecine générale. Peu de gens connaissaient la proximité entre les deux hommes, beaucoup l'ont critiquée ensuite, même si l’intéressé a prétendu que cette amitié lui avait permis de « faire passer des réformes ». Difficile à vérifier…

Le successeur depuis 2013 de Michel Legmann à la tête du Cnom, Patrick Bouet, a un tout autre profil, mais est lui aussi unique en son genre. Il est le premier médecin généraliste à occuper ce poste. Et puisqu’il faut bien une étiquette, il est plutôt classé à gauche. La faute aux représentations ? Du radiologue de Neuilly, on est passé à un généraliste du « neuf-trois », s’amusent certains. Une probable proximité avec le Parti socialiste en place a cependant vite été oubliée, du fait des récentes prises de position de l’Ordre.

La question est de savoir si, en dehors des individus qui l’incarnent, l’Ordre possède un réel poids dans l’arène politique. Cela semble avoir été le cas pour la loi Santé, votée en avril 20153« L'Ordre vient d'obtenir, après trois mois d'action, que la ministre de la Santé revienne sur son projet de loi », indiquait un courrier adressé à tous ses adhérents en décembre 2014 pour se féliciter d'un report de calendrier. Il aura été plus timoré concernant le tiers-payant généralisé, se disant « vigilant sur les difficultés ». Il est certain que l’Ordre sait aujourd’hui manier l’art de la communication politique. Parvient-il pour autant à convaincre les médecins de son poids dans ce domaine ? Rien n’est moins sûr.

Sources
1. http://www.em-consulte.com/article/181218#N106C7
2. http://www.lesgeneralistes-csmf.org/+Conclusions-du-Rapport-Legmann-Il+.html 
3. http://www.fncs.org/sites/default/files/pdf/Courrier_CNOM_191214.pdf

 

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