Le burn out : une réalité, pas une fatalité

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Le burn-out, édition Covid-19, est bien installé dans les rangs des médecins français. Un mal-être ambiant qu'il est pourtant possible de surpasser. Le Dr Éric Henry, président de l'association Soins aux professionnels de santé, fait le point. 

Le burn out : une réalité, pas une fatalité

En tout, « 45 % des médecins souffrant de burn-out n’ont pas l’intention de faire appel à un professionnel spécialisé ». C’est l’un des chiffres marquants qui ressort de l’étude réalisée par Medscape sur le burn-out des médecins français, cru 2020
 
Et pourtant : à la lumière de la crise sanitaire, ce mal-être s’installe plus encore dans les rangs des médecins français. Près de la moitié de professionnels interrogés déclarent être en burn-out. Un phénomène qui s’est aggravé au fil des années. « En 2018 et en 2016 , la proportion de praticiens présentant des symptômes d’épuisement professionnel était d’environ 30 % », indique l’étude.
 
Un problème qui s’aggrave en pleine période de Covid-19
 
Une donne qui ne risque pas de s’arranger au regard de l’épuisement subi par l’ensemble de la profession, confrontée à la crise sanitaire. 63 % des médecins victimes d’épuisement professionnel ont confié que leur burn-out s’était intensifié durant la crise du Covid-19.
 
Une hausse des cas de burn-out qui s’est également ressentie au standard téléphonique de l’association Soins aux professionnels de santé (SPS). « Avant la crise, on était à cinq appels par jour. Maintenant, on en est à vingt appels quotidiens », indique le Dr Éric Henry, président de l’association.
 
Et les médecins sont le troisième corps médical à solliciter leurs services. « Ils représentent environ un quart des appels qu’on reçoit », indique de mémoire le professionnel.  
 
S’en sortir ? C’est possible
 
Première étape pour déceler les prémices d’un burn-out ? Prendre garde à sa maladresse. « Casser son téléphone, rayer sa voiture… Tout cela peut faire partie des signes précurseurs du burn-out », indique le spécialiste qui ajoute : « À partir de ce moment-là, il faut s’interroger sur la source de son énervement. Mais ça, on ne peut pas toujours le faire tout seul ».
 
Outre « bien dormir, bien manger, avoir des moments de détente et prendre le goûter à 4h », le Président de l’Association SPS conseille en effet de verbaliser son mal-être quand ont fait face à un burn-out. « Nous conseillons avant tout une écoute professionnelle, indique-t-il. Ce sont des gens qui sont épuisés. Il faut d’abord entendre leur douleur. S’ils n’en parlent pas, cela n’existe pas aux yeux des autres. Et si c’est le cas, ils sont seuls ». Une sinécure pour ces malades pas comme les autres.
 
La moitié des médecins ayant eu des pensées suicidaires choisissent plutôt de s’épancher auprès de leur famille. Un bien pour un mal, à en croire le Dr Éric Henry. « La famille n’est pas soignante. Cela la panique. Vous transmettrez votre stress à votre famille, ce qui risque de l’aggraver en plus de créer des problèmes de couple », assure le médecin.
 
Autre possibilité : « Partir et s’isoler », assure le docteur qui conseille de solliciter un arrêt de travail. « C’est la première étape pour prendre du recul. Ça permet de se reposer, de réfléchir », ajoute-t-il.
 
Une étape cruciale qui permet de comprendre que, malgré cette absence, le service peut continuer à tourner.: « Ils pensent souvent qu’ils sont indispensables dans leur travail. Un arrêt de deux à trois semaines permet souvent de se rendre compte que ce n’est pas forcément le cas ».

31 % choisissent plutôt de réduire leur temps de travail. Une non-solution pour le Dr Eric Henry. « Le burn out n’est pas lié à une quantité du temps de travail, mais une bonne qualité du temps de travail. », précise-t-il.
 
Toujours est-il qu’il faut l’accepter : guérir, cela prend du temps. « Un burn-out, c'est deux ans », indique le spécialiste.

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