Laurent El Ghozi

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Petite balade dans les souvenirs de Laurent El Ghozi, chirurgien général et digestif retraité, conseiller municipal à Nanterre et président de l’association « Élus, Santé publique & Territoires ».

Laurent El Ghozi

What's up Doc. Quelle est la première fois où... tu as voulu faire médecine ?

Laurent El Ghozi. À 13 ans, en lisant la Chronique des Pasquier de Georges Duhamel : l’histoire d’un père de famille qui entreprend ses études de médecine à l’âge de quarante ans. Mon parrain était également médecin dans la Marine. Ce sont ces figures de médecins qui m’ont donné envie de faire médecine.

WUD. La première fois où tu as voulu faire ta spécialité ?

LEG. J’ai toujours voulu être chirurgien, j’ai fait médecine pour être chirurgien. Si je ne l’avais pas été, j’aurais été psychiatre, je pense que c’est la spécialité qui se rapproche le plus du travail que je fais aujourd’hui. Mais j’avais besoin d’être plus dans l’action que dans la réflexion.

WUD. La première fois où tu as eu raison contre ton chef ?

LEG. C’était pendant l’externat, j’étais chez Christian Cabrol, en chir’ cardiaque. Il n’était pas encore très connu mais déjà très caractériel, et terrorisait son épouse, anesthésiste dans le même service. Il disait qu’il fallait rester à l’hôpital, travailler sans compter ses heures. En fait il tyrannisait un peu tout le monde. Je l’ai regardé droit dans les yeux et je lui ai dit que je partais, que ma journée était terminée !

WUD. Et la dernière fois où tu as examiné un patient ?

LEG. Je suis actuellement à la retraite, mais j’ai gardé une consultation médicale au centre de santé de la SNCF. Cela me permet de continuer de voir des patients, de garder une activité clinique, et ça me plaît ! J’aime être toujours confronté à la question de l’accès aux soins des patients via cette consultation, même si c’est une activité très limitée. 

WUD. La dernière fois où tu n’as pas su faire ?

LEG. C’était un ongle incarné ! Notre médecine est devenue très technique. Nous sommes très forts pour poser des prothèses d’épaule ou faire des choses très complexes. Mais j’ai récemment cherché quelqu’un pour une reprise d’ongle incarné qui avait été mal traité, et je n’ai pas trouvé, ça n’intéresse personne. C’est un problème qui peut paraître bénin, mais qui est très handicapant et douloureux pour le patient.

WUD. La dernière fois où tu as été touché par une situation ?

LEG. Un patient qui devait être opéré d’une hernie inguinale. Il avait déjà rencontré trois chirurgiens à ce sujet, mais refusait toujours l’opération, parce qu’en réalité il avait extrêmement peur de l’anesthésie générale. Je lui ai expliqué que le geste pouvait être réalisé sous anesthésie locorégionale, en ambulatoire, et qu’il rentrerait le soir chez lui. Aucun des trois chirurgiens n’avait perçu d’où venait le refus du patient. C’est un peu mon travail aujourd’hui, permettre et faciliter l’accès aux soins des patients, dans une dimension très humaine.

WUD. La dernière fois où tu as voulu tout arrêter ?

LEG. Ça ne m’est encore jamais arrivé, mais je commence à me dire que le moment est peut-être venu de faire des choses pour moi… À 66 ans, il est temps, non ?

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