L’âgisme, un fléau accentué par la pandémie

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Selon un rapport signé par plusieurs agences des Nations Unies, une personne sur deux aurait une attitude âgiste dans le monde. Un phénomène qui se serait aggravé en marge de la crise…

L’âgisme, un fléau accentué par la pandémie

L’âgisme, un symptôme manifeste de la crise de la Covid-19 dans le monde ? C’est en tout cas la conviction formulée la semaine dernière par le Dr Tedros, patron de l’OMS, Michelle Bachelet, haut commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU, Liu Zhenmin, secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de l’agence des Nations Unies et Natalia Kamen, directrice exécutive de la FNUAP. « Au-delà des conséquences du virus en lui-même, les observations effectuées sur différents groupes d’âges ont révélé une maladie plus profonde et plus ancienne : l’âgisme », assurent ces dirigeants en amorce d’un rapport de 200 pages.

Selon les auteurs de ce dernier, la pandémie aurait en effet révélé l’ampleur de cette problématique sociétale. « Les personnes âgées ont souvent été considérées comme uniformément fragiles […], tandis que le plus jeunes ont été dépeints comme invincibles, ou comme imprudents et irresponsables », peut-on lire dans ce document accablant. Un constat qui se base notamment sur la couverture médiatique de la pandémie qui aurait présenté les personnes âgées comme « un groupe homogène et vulnérable sensiblement différents des autres groupes d’âge ». « En Espagne, une analyse de 501 titres de deux journaux nationaux a révélé que 358 d’entre eux présentaient les personnes âgées de manière négative », souligne le rapport. Pire : la réponse politique à la pandémie aurait en elle-même aggravé les stéréotypes liés à l’âgisme. « Au Royaume-Uni, les adultes de plus de 70 ans ont initialement reçu l’ordre de s’auto-isoler pendant quatre mois ; en Bosnie-Herzégovine, les personnes âgées n’ont pas été autorisées à quitter leur domicile pendant plusieurs semaines », énumèrent les auteurs.

Pour autant, il ne s’agit pas là d’un phénomène spécifique à la crise pandémique. « Les stéréotypes, les préjugés et la discrimination basés sur l'âge ne sont pas nouveaux. La COVID-19 a amplifié ces attitudes néfastes », martèlent les agences des Nations unies. Selon le rapport, une personne sur deux dans le monde aurait des « attitudes modérément ou fortement âgistes ». Une statistique affolante à laquelle s’ajoute une autre, puisque une personne sur trois estime avoir été victime de discriminations liées à son âge. « Un adolescent peut, par exemple, subir des moquerie pour avoir lancé un mouvement politique, des personnes plus âgées ou plus jeunes peuvent se voir refuser un emploi en raison de leur âge ou une personne plus âgée peut être accusée de sorcellerie et être chassée de sa maison ou de son village », détaillent les auteurs.

Un portrait accablant qui pousse les agences des Nations Unies à exiger des mesures urgentes. « Il nous faudra combattre l’âgisme pendant et après la crise si nous voulons garantir la santé, le bien-être et la dignité des gens partout dans le monde », assurent les responsables. Pour se faire, le rapport met d’ailleurs en exergue trois stratégies identifiées :

  • l’adoption de lois pour lutter contre les discriminations et les inégalités ;
  • la mise en place d’interventions éducatives ;
  • le développement de contacts intergénérationnels.

Reste à savoir si cela sera suffisant pour changer durablement les mentalités du monde entier.

Source:

Organisation Mondiale de la Santé - Global Report on Ageism

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