L’Agence tous risques… et la relation avec nos patients

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Quasi inévitable au cours d'une carrière, la mise en cause de la responsabilité du praticien n’est pas une mince affaire et toujours source de nombreux désagréments.

L’Agence tous risques… et la relation avec nos patients

Article proposé avec le soutien du Cabinet Branchet (spécialiste de l'assurance RC professionnelle du plateau technique lourd)

 

Les procédures sont souvent longues, nécessitant plusieurs années pour aboutir. Un chemin éreintant auquel il faut savoir se préparer. Retour sur les incontournables de l’entraînement.

 

Plateaux techniques lourds… Risques élevés en retour !

 

Les spécialités exerçant sur plateaux techniques lourds (chirurgies, gynécoobs’ et anesthésie-réa) sont en 1re ligne dès qu’il s’agit de sinistres, avec potentiellement, à la clé, d’importantes séquelles pour les patients et de fortes indemnisations associées.

 

En cas de sinistre dans lequel la responsabilité du praticien est engagée, l’assureur verse les indemnités à la victime ; l’assureur doit aussi verser à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) la créance des frais de soins qui ont été nécessaires pour le patient suite aux dommages subis. Ces frais sont enhausse de 5,2 points entre 2008et 2012 !

 

Par exemple, au cours d’une cure d'éventration, un assuré retire ce qui lui semble être une masse tumorale. Il s'agissait en fait d'un rein greffé au patient après plusieurs années d'attente. Le patient âgé de 67 ans retourne donc dans le circuit de dialyse. L’assureur a versé plus de 900 000 € à la CPAM (3 jours de dialyse par semaine à vie) et près de 500 000 € au patient.

 

La relation au patient, Une garantie

 

Tout n’est pas affaire de technique et de compétences, loin de là !

« Mon chirurgien, que j’ai croisé de mon opération, m’avait pas dit que j’risquais d’avoir des douleurs pareilles ! Des mois qu’ça dure… J’vais l’faire payer, c’est sûr ! »

 

Aïe Docteur, y’a un os ! En de telles situations, mieux vaut engager la conversation au plus tôt et ne surtout pas fermer la porte des consultations.

L’algodystrophie, pour ne pas la citer, est un risque connu qui, bien que rare, mérite d’être précisé avant d’opérer !

 

Patient(e) informé(e) = responsabilité atténuée. Informer le patient, obtenir son consentement éclairé, le retranscrire par écrit dans le dossier sont autant de bonnes recommandations simples à observer qui pourtant sont encore loin de faire l’unanimité ! Dans 45 % des sinistres, un défaut d’information est rapporté avec, dans 15 % des cas, pas même une trace écrite dans le dossier du patient…* Vous y croyez ?

 

Mais, en dehors de l’information, du consentement et de la tenue du dossier, il est indispensable d’entretenir et de maintenir un dialogue avec son patient en se préservant de toute rupture. Disponibilité, écoute, réponses aux questions, discussions sur les différentes options thérapeutiques, sont autant d’attentions professionnelles qui nourrissent une relation médecin-patient saine et équilibrée, véritable rempart contre la mise en cause de sa responsabilité.

Et là encore, du travail reste à faire puisque dans 20 % des affaires, notre comportement professionnel n’est ni adapté, ni conforme aux règles de l’art* !

Un médecin averti en vaut deux…

 

Des formations en relation

 

Connaissant nos risques, particulièrement cuisants en libéral, s’appliquer à soi-même le dicton « mieux vaut prévenir que guérir » semble opportun. Sans attendre l’épreuve de sa potentielle mise en cause, il est prudent de s’y préparer en affinant ses compétences relationnelles. Réalisées de façon répétée au cours de la carrière, des formations existent, permettant de limiter

son propre risque de sinistralité.**

 

Plusieurs modèles de formations existent : cours, mises en situation, jeux de rôle, simulateurs de vol, en solo et en équipe… l’essentiel est avant tout de se confronter et d’apprendre à réagir comme un professionnel de santé, sans se laisser dépasser par ses affects souvent très irrités.

Connaître son métier, c’est aussi apprendre et maîtriser le poids de sa responsabilité.

 

 

Breaking News

En moyenne, la responsabilité d’un praticien des plateaux techniques lourds est mise en cause tous les 3,4 ans.

La neurochirurgie compte le plus de sinistres avec une récurrence dont la périodicité est de 1,4 an en moyenne pour chaque praticien. L’orthopédie est la discipline majoritairement sinistrée avec 34 % des déclarations de sinistres.

 

 

* La cartographie des risques du bloc opératoire – Bilan 2013 réalisée par le Cabinet Branchet en partenariat avec Asspro (Association de prévention du risque opératoire) a porté sur l’ensemble des 9 894 dossiers de sinistres déclarés par les assurés entre 2008 et 2012.

** Les actions de prévention organisées par Asspro sont corrélées avec une diminution de 20 % de la probabilité de survenance d’un sinistre.

 

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