La vente de médicaments à l'unité ne remporte pas l’adhésion du secteur pharmaceutique

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Il y a un an, la France autorisait la vente de certains médicaments à l'unité dans les pharmacies, un dispositif censé lutter contre le gaspillage et la résistance aux antibiotiques mais qui reste marginal et peine à convaincre les acteurs du médicament.

La vente de médicaments à l'unité ne remporte pas l’adhésion du secteur pharmaceutique

© IStock 

"On a délivré 772 000 médicaments à l'unité entre mai et décembre 2022, avec environ 20 000 officines", qui ont chacune réalisé en moyenne 38 actes, détaille pour l'AFP Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Pas de démarrage en fanfare, donc : "on réalise 600 millions d'actes de délivrance de médicaments remboursables par an. La dispensation à l'unité, ça représente 0,1%...", constate Philippe Besset.

Ce dispositif facultatif, inscrit dans le programme du candidat Macron en 2017, mais entré en vigueur seulement en mai 2022, ne concerne qu'une petite partie des médicaments — les antibiotiques et les "stupéfiants" tels que la morphine — et laisse les acteurs du médicament dubitatifs.

"Des questions qu'on avait il y a un an n'ont toujours pas trouvé réponse. Ça reste une petite mesure, à faible efficacité et qui n'a pas été réellement étudiée en amont pour bien en mesurer les gains", estime pour l'AFP Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'ordre des pharmaciens.

"Si le pharmacien doit mettre ses comprimés dans un contenant, si ce contenant est en plastique, s'il faut refaire des étiquettes, réimprimer une notice... Pas certain que le bilan soit positif par rapport à une boîte en carton", relève-t-elle.

La filière française, des laboratoires aux officines, s'est organisée autour des médicaments en boîtes industrielles, jugées plus sûres du point de vue sanitaire

Mais pour la Direction générale de la santé, interrogée par l'AFP, "ce dispositif présente un intérêt sur le plan sanitaire, environnemental et potentiellement financier. Il contribue à éviter l'automédication inappropriée (consommation des unités restant dans les boites) et à réduire le gaspillage des médicaments non consommés financés par la sécurité sociale".

À l'étranger, la vente à l'unité est monnaie courante dans certains pays, comme aux États-Unis où les officines reçoivent généralement les médicaments en vrac et les distribuent dans des flacons préparés par leurs soins, y mettant juste le nombre de comprimés nécessaires.

Sauf que la filière française, des laboratoires aux officines, s'est organisée autour des médicaments en boîtes industrielles, jugées plus sûres du point de vue sanitaire, calibrées pour que le nombre de gélules corresponde peu ou prou aux prescriptions médicales, conçues pour apporter les informations essentielles aux patients et faire gagner du temps aux officines.

La dispensation à l'unité, en France, contraint le pharmacien à ouvrir les boîtes, placer les comprimés prescrits dans un nouveau conditionnement pour le transport et la conservation, imprimer une notice d'information, tout en assurant le suivi des unités délivrées. L'Assurance maladie rembourse un euro à l'officine pour chaque vente.

"La présence croissante de résidus pharmaceutiques dans l'environnement et les tensions d'approvisionnement sont des situations qui permettent d'envisager un déploiement de la dispensation à l'unité à d'autres médicaments", prévient la Direction générale de la santé, tout en indiquant n'avoir pour l'heure entrepris aucune démarche sur le sujet auprès des industriels du secteur pharmaceutique.

Car sur toutes les boites de médicaments achetées tous les ans par chaque Français, environ 1,5 kilo de gélules finit gaspillé, selon des données publiées à la fin des années 2010 par l'Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicament (IRACM).

Ce gaspillage a-t-il reculé avec la dispensation à l'unité ? Difficile de répondre, indique la Fédération des syndicats pharmaceutiques, qui ne dispose pas actuellement d'outil de suivi. Mais une expérimentation réalisée en 2014 dans cent pharmacies françaises avait montré une réduction de 10% du nombre de comprimés délivrés.

"Une bonne prescription et une bonne observance sont les seuls moyens de lutter contre le gaspillage"

"Une bonne prescription et une bonne observance sont les seuls moyens de lutter contre le gaspillage", juge Jérôme Wirotius, vice-président du Gemme, l'association de l'industrie du médicament générique.

Selon lui, "un certain nombre de patients, dès qu'ils voient leur état s'améliorer, ont tendance à arrêter les traitements. Dispenser les comprimés à l'unité ne va pas changer quoi que ce soit" à ce travers.

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Les laboratoires, eux, ne voient pas d'un bon œil le dispositif, après avoir investi dans leur production ces dernières années pour se conformer à l'obligation de "sérialisation" des boîtes (désormais dotées d'un dispositif d'inviolabilité et de traçabilité).

La vente à l'unité peut toutefois "aider un peu en cas de pénurie", comme lorsque les stocks de l'antibiotique amoxicilline sont venus à manquer cet hiver en France. Dans ce cas, délivrer des comprimés à l'unité "peut permettre d'« étaler la confiture »", concède Philippe Besset, de la FSPF.

Avec AFP

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