Infirmières oubliées : la profession dans la rue

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Grandes oubliées du plan « Ma Santé 2022 », les infirmières manifestent ce mardi 20 novembre. Si le Gouvernement veut faire passer sa réforme, il faudra bien faire un geste envers cette profession qui compte plus de 600 000 travailleurs et porte le système de santé à bout de bras.

Infirmières oubliées : la profession dans la rue

Interpellé le 20 septembre dernier par une infirmière lors de son passage sur France Inter, Édouard Philippe l’avait promis : « Les mesures sur les infirmières, parce que c’est un métier indispensable, viendront ». Elles attendent toujours. En ce jour le plus froid de l’année, sous une neige annoncée, alors que tout le monde ne parle encore que des gilets jaunes, elles arrêtent d’attendre, et se mobilisent dans la rue pour faire entendre leur voix.

Avec le slogan « Infirmières oubliées », elles dénoncent un plan « Ma Santé 2022 » médico-centré, et qui oublie totalement leur métier. Seize syndicats ont appelé à la mobilisation face au mépris pour la première profession de santé par le nombre. Ils sont désormais officiellement soutenus par l’Ordre national des infirmiers, qui « invite les pouvoirs publics à entendre l’appel des organisations infirmières et à reconnaître davantage le rôle central de ce pilier de l’offre de soins qu’est l’infirmier(e) » dans un communiqué publié le 19 novembre. 

Une réforme pansée sans infirmiers

Les infirmiers regrettent que la réforme, qui se veut pourtant centrée sur le patient, les exclue totalement alors que la profession est sans doute celle qui se trouve « au plus près de leurs besoins », notamment « face aux besoins croissants des malades chroniques », articulation principale de « Ma Santé 2022 ». Pas d’annonce dans leur direction, pas même de consultation dans l’élaboration de la réforme. 

Une annonce en particulier a du mal à passer : la création du métier d’assistant médical« La création de ce nouveau métier annoncée mi-septembre dans le cadre du Plan Santé semble parfaitement contradictoire avec une vision collective, coordonnée et graduée de la prise en charge des patients », estime l’Ordre. « C’est même un grave retour en arrière vers une médecine d’un temps révolu ».

Une question d’indépendance, également. « La création des infirmiers en pratique avancée ne doit pas servir à démanteler plus encore les compétences des infirmiers pour en faire des petites mains salariées chargées de tenir l’agenda du médecin », avait réagi la Fédération nationale des infirmiers en septembre, à la suite de l’annonce.

Infirmiers VS médecins ?

C’est donc l’heure du retour de la rébellion des infirmiers face à l’inégalité de traitement avec les doléances des médecins, notamment libéraux. Des doléances bien entendues par l’Assemblée nationale ou par le Gouvernement pour les derniers, et qui restent souvent lettre morte pour les premiers. Une inégalité de traitement difficile à contester, sans pour autant nier les problèmes des médecins. 

Les Sénateurs ont tenté un petit geste dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2019. Le Dr Bernard Jomier, sénateur PS de Paris, a proposé un amendement destiné à créer un nouveau statut : celui d’infirmier référent, ou infirmier de famille recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un statut de coordination entre l’infirmier, souvent sur le terrain, et les médecins et pharmaciens.

Une proposition balayée d’un revers de main par Agnès Buzyn qui, tout en expliquant que les infirmiers libéraux ont toute leur place dans la coordination des soins, juge « préférable de renforcer les dispositifs de coordination déjà existants plutôt que de créer un nouveau statut ». Il serait dommage de se mettre les syndicats de médecins à dos en attaquant leur position de « chef d’orchestre », après tant d’efforts de réconciliation ! Médecins, un peu de soutien pour vos compagnons de galère ?

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