I wanna live in America ! … ou pas ?

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Etre un anesthésiste en Californie, ca change vraiment de Paris !

I wanna live in America ! … ou pas ?

Début des journées à 6h, peu de vacances, et check-lists à gogo. Le rêve américain a ses désavantages… Mais pour Romain, anesthésiste-réanimateur à San Francisco, il en vaut (pour l'instant) la chandelle.

 

Romain, anesthésiste-réanimateur, était initialement parti pour un an en Californie pour un post-doc de biostatistiques. Il a finalement décidé de retourner vivre aux Etats-Unis de façon prolongée. Il faut dire qu’un mi-temps hospitalier-recherche à l’hôpital de San Francisco UCSF avec la prestigieuse université de Berkeley, ça ne se refuse pas !

Des journées courtes, mais des vacances d'une semaine

Sa décision de quitter la France a été motivée à la fois par cette opportunité professionnelle exceptionnelle et par la qualité de vie que sa femme et lui avaient appréciés lors de leur premier séjour, entre autres un salaire lui permettant de vivre nettement mieux qu’en France (environ 12 000 dollars mensuels net).

Première surprise, les journées commencent très tôt : « les anesthésistes commencent à endormir les patients à 6h30, alors qu'en France c'est au mieux à 8h00. » Mais elles se terminent aussi beaucoup plus tôt : « les médecins en anesthésie partent en décalé, le premier à 15h, le dernier vers 18h30 ».

La contrepartie à ces journées "allégées", c'est beaucoup moins de vacances. La majorité des travailleurs américains a une semaine par an de congés payés : « souvent les gens ne prennent pas de vacances pendant plusieurs années pour avoir deux ou trois semaines d’affilée ! »

Débauche des check-lists

Autre grosse différence avec la France : les médecins hospitaliers doivent régulièrement montrer le renouvellement de leurs compétences. Par exemple, ils doivent repasser tous les ans une longue série de QCM sur l'intranet de l'hôpital.

Par ailleurs, « il y a beaucoup de procédures dans les hôpitaux, avec un système de codes couleurs qui correspondent à l'enlèvement d'un enfant, à un patient manquant, à une fusillade […] », explique Romain. « L'ensemble du personnel doit les valider chaque année, sous peine de voir son autorisation de travail suspendue.»

Romain a également été impressionné par le nombre de check-lists utilisées à l’hôpital : « ça peut paraitre assez choquant initialement : il n'y a aucune discussion possible, il faut suivre une check-list pour tout, même si ça a l'air idiot ».

Quand l'équipe entre dans la salle d'opération, il y a par exemple une étape obligatoire où tout le monde s'arrête pour passer en revue 12 points : le type d'intervention, les pertes sanguines estimées, le matériel nécessaire pour la chirurgie, les allergies, les problèmes de ventilation possibles.... et même le nom, le prénom et la profession de chaque personne présente. Peu importe si tout le monde se connaît déjà !

Return ticket ?

Ce qui lui manque le plus, en dehors de son ancienne équipe, c'est la collégialité, la discussion des dossiers entre collègues, et les staffs multi-disciplinaires. « La pratique américaine est plus individualiste, moins interactive.»

Et Romain assure que toutes les check-lists n’y font rien : aux Etats-Unis, « le niveau moyen d'un médecin n'est pas meilleur qu’en France, même dans des grands centres réputés comme UCSF ».

Source:

Sarah Balfagon

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