Hôpital vert : les bonnes volontés face au mur de la crise sanitaire

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Le C2DS a noté en 2020 une baisse des démarches des hôpitaux en faveur du développement durable (audits énergétiques, etc.). La faute à la crise sanitaire, assure l’association, qui dit au contraire observer un fort intérêt des établissements pour le sujet.

 

Hôpital vert : les bonnes volontés face au mur de la crise sanitaire

On ne peut pas être au four et au moulin : quand en 2020, les hôpitaux étaient occupés à prendre en charge les malades du coronavirus, ils n’ont pas pu réaliser autant de bilans d’émissions de gaz à effet de serre et autres audits énergétiques qu’ils l’auraient souhaité. Telles sont, en substance, les conclusions rendues publiques fin novembre à l’occasion de l’observatoire annuel du Comité pour le développement durable en santé (C2DS). Un coup de mou passager, veut croire cette fédération d’établissements sanitaires et médico-sociaux engagés dans les démarches environnementales : l’appétence hospitalière pour le vert n’a selon elle jamais été aussi forte.

Les chiffres dévoilés par l’observatoire, issus d’un questionnaire auquel 125 de ses bientôt 750 établissements adhérents ont répondu, ont pourtant de quoi filer un sérieux coup de blues à tout soignant à la fibre écolo un tant soit peu prononcée. C’est ainsi qu’en 2020, seulement 19 % des établissements ont réalisé un bilan d’émissions de gaz à effet de serre, contre 33 % en 2019. Parmi eux, seulement 19 % ont rempli le « scope 3 » du bilan, qui concerne les émissions indirectes (c’est-à-dire l’immense majorité des émissions hospitalières). Ils étaient 38 % en 2019. Par ailleurs, 49 % des répondants ont réalisé un diagnostic de performance énergétique en 2020 (65 % précédemment) et 33 % un audit énergétique (contre 35 % auparavant). À noter : l’échantillon d’établissements n’est pas représentatif, car tous sont membres du C2DS, et donc plus susceptibles que d’autres de s’engager dans la voie du développement durable.

Période atypique

Mais il en faudrait plus pour doucher l’optimisme de Véronique Molières, directrice du C2DS. « Les chiffres sont là, il y a une baisse, mais je pense qu’ils s’expliquent principalement par la période atypique dans laquelle nous vivons », fait-elle valoir. Traduction : quand un établissement est en plan blanc, sa priorité n’est pas forcément de savoir si le covoiturage permettrait de réduire son empreinte carbone. Car la directrice de l’association l’assure : elle observe, au contraire des données peu réjouissantes présentées dans son observatoire, « une appétence augmentée des établissements sur ces sujets ».

Appétence qui se traduit, par exemple, dans l’explosion des adhésions au C2DS. « Nous avons démarré l’année 2021 à 500 adhérents, et nous en sommes aujourd’hui à presque 750 », indique Véronique Molières. Preuve selon elle que les hôpitaux sont à la recherche de réponses concrètes aux questions qu’ils se posent en matière de développement durable. « On ne nous demande plus pourquoi il faut s’intéresser à ces sujets, mais comment faire pour agir », rapporte-t-elle, avant de reconnaître qu’un « travail phénoménal » reste à faire… notamment en direction des pouvoirs publics.

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