LA GREENNESS : LE POUVOIR DU VERT
La greenness, terme imparfaitement traduit par « verdure » au pays du Géant vert, est le fait d’avoir dans son environnement des espaces verts (de plantes). Pourquoi ça ferait du bien ? Il se trouve qu’en 3 millions d’années, l’homo sapiens est passé de journées de cueillette et chasse dans la nature à la grisaille de l’open-space, avec pour toute chasse une virée chez Monop’ et/ou sur Tinder.
Certes, le bon sens nous permettait déjà de suspecter que l’environnement bétonné virant vers le saumoné de l’hosto n’était pas du plus grand réconfort ; mais au-delà, tout cela aurait des conséquences lourdes en termes de santé physique et psychique, si l’on en croit les alertes désormais orissantes dans la littérature verte. Les experts s’accordent à dire qu’il ne faudrait pas vivre à plus de 2 km d’un espace vert [1].
LA PANACÉE COULEUR ÉMERAUDE
En effet, asthme, cancers, migraines, infections urinaires... seraient moins fréquents à proximité de Mère Nature [1], dont le pouvoir rendrait verte de jalousie l’industrie pharma. La greenness semble donc être le remède miracle, qui pourrait aussi remplacer Slim Fast et autres Weight Watchers. Une étude chez 300 000 British montre qu’une augmentation d’un interquartile du taux de verdure près du domicile était associé à -0.3 d’IMC [2] ! L’augmentation de l’activité physique associée au fait de vivre à proximité de verdure en est l’un des mécanismes potentiellement explicatifs.
La greenness tient donc le haut du pavé : comme en témoigne l’engouement pour la décoration végétale, colonisant cafés branchés, boutiques de luxe et autres appartements en vue ; et aussi, le fait que les logements proches des espaces verts soient en général trustés par les CSP+...
Ce qui peut aussi en expliquer certains bénéfices sanitaires. Ces bénéfices constatés, par exemple, sur les enfants à naître des mommies texanes ne résistent pas à l’ajustement sur l’ethnie et le niveau d’éducation [3]. On ne prêterait donc qu’aux riches, et se taper une biblio de 500 articles pour découvrir que mieux vaut être jeune, riche et vivre dans un endroit sympa pour être en bonne santé donnerait envie d’enfiler un gilet jaune par-dessus la blouse...
SOLEIL VERT OU GAZON MAUDIT ?
Avant de se venger en balançant ce vieux yucca Ikea à la poubelle, une toute récente étude redonne foi dans le green power. En observant la santé mentale en regard du lieu de résidence d’1 million de petites têtes blondes danoises de 0 à 10 ans, on s’aperçoit que ceux dont le cadre de vie est le plus dénué de verdure ont jusqu’à 55 % de risque de souffrir d'un trouble psychique. Et cela indépendamment des statuts socio-économiques, antécédents familiaux et âge parental [4]... De quoi inciter politiciens « green-washés » et promoteurs véreux à planter des petites graines dans les projets d’urbanisation... En attendant, la prescription de sylvothérapie permet de voir le verre à moitié plein. Il s’agit de la pratique très en vogue au Japon du « bain de forêt ». S’immerger dans une forêt aurait des vertus apaisantes, indépendantes de l’effet de la marche, avec notamment une diminution de la TA au contact des conifères et autres résineux [5]. Alors ce printemps, tous au vert !