Freud À l’écran

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Interview d'Annie Navarre, psychiatre

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Le Dr Annie Navarre, psychiatre, chef de service au centre hospitalier de Dieppe, a créé en 2007 une expérience originale de télépsychiatrie.

Au commencement…
Quelles étaient vos motivations ?
« Le problème de couverture des soins : des besoins importants de psy sur un vaste territoire géographique rural sans infrastructure. Et puis, j’étais aussi très intéressée par le développement régional de ce projet un peu expérimental.

Mais quelle est l’origine du problème ?
« Le sous-effectif médical bien sûr… Des territoires étendus à faible densité médicale, des postes non pourvus, et des périodes critiques comme celles des vacances scolaires.

Nouvelles relations médecin-malade ou nouveau cadre d’exercice ?
Quels patients sont concernés en pratique ?
« Des patients stabilisés souffrant de psychoses chroniques, troubles bipolaires, épisodes dépressifs majeurs, et qui sont déjà connus (rarement des premières consultations).

Quelles pratiques médicales réalisez-vous en téléconférence ?
« Des consultations d’urgences ou de suivis, en maison de retraite, en centre médico-psychologique (CMP).

Combien de médecins participent ? d’internes ?
« Trois médecins, mais aucun interne encore.

Comment se déroule une téléconsultation ?
« La séance est programmée. Les patients sont prévenus et doivent être consentants. Une infirmière est présente, accompagne le patient et reste à ses côtés. L’ordonnance, si besoin, a déjà été préparée quand c’est envisageable et est remise au patient par l’infirmière. Dans le cas contraire, elle est faxée à la pharmacie.

Quelles sont les modalités de suivi ?
« Ces consultations sont proposées en alternance avec les consultations classiques, pendant les vacances ou en cas de permanence de soins difficile.

Après l’essai, la transformation ?
La télépsychiatrie présente-t-elle un avantage médical ? Est-elle rentable financièrement ?
« La télépsychiatrie présente un avantage organisationnel pour les CMP éloignés, pour des patients connus et stables. C’est un gain de temps médical : déplacements évités, plus grande disponibilité des thérapeutes pour les équipes comme pour les malades.
La rentabilité devrait être un attrait complémentaire pour sa mise en place. Le coût du matériel et des abonnements lourds peut être pondéré par l’économie de postes médicaux. L’optimisation amenée par ce système se ressentira surtout lors du passage à la T2A. Le coût d’installation sera alors opposé aux actes réalisés pour estimer sa rentabilité.

Votre expérience est-elle transposable à l’ensemble des pratiques psychiatriques ?
« Le système est difficilement transposable pour la psychiatrie de liaison, pour les enfants
et les sujets âgés. Par contre, il l’est pour communiquer avec les personnels dans les institutions qui manquent de psychiatres, où les équipes peuvent avoir besoin d’un avis ou encore pour des réunions pluridisciplinaires comme en cancérologie. 

Cette pratique est-elle généralisable en France ?
« Oui ! Le système n’est pas personne dépendante. Il est généralisable à condition que les équipes soient convaincues et que les indications soient bien définies et bien cadrées.

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