Le week-end électoral est lancé : les citoyens hollandais sont appelés aux urnes aujourd’hui, suivis demain des irlandais, puis du reste des pays de l’Union samedi et dimanche.
En France, la campagne européenne s’est plutôt articulée autour des thèmes liés à l’immigration et au pouvoir d’achat. Pourtant, selon certains sondages, la santé se glisse toujours parmi les préoccupations principales des Français.
Choc du Covid oblige, les politiques de santé à l’échelle européenne, notamment en matière de prévention des pandémies et de lutte contre les pénuries de médicaments, se sont naturellement immiscées dans les programmes de candidats.
En témoigne le vote, quasi consensuel, du programme « EU for Health » au Parlement européen en 2021, dont le but est de « mieux préparer les systèmes de santé aux futures menaces sanitaires et aux pandémies », en consacrant 5 milliards d’euros à l’accès aux soins.
Relocaliser la production et investir dans la recherche font consensus
L’Europe de la santé figure donc bien dans les programmes, notamment sous le prisme de la souveraineté européenne en matière de production. Et ce, malgré les inquiétudes du Pr Philippe Moreau, qui redoutait dans une tribune au Monde, que l’accès au médicament ne soit pas abordé par les têtes de listes.
Ainsi, la liste RN de Jordan Bardella, comme celle de la majorité présidentielle portée par Valérie Hayer, veut « relocaliser la production des médicaments stratégiques ». La seconde souhaite en plus favoriser les achats communs au sein d’une Alliance européenne.
Les listes de gauche vont encore plus loin, en proposant un « service européen du médicament », visant à assurer la souveraineté européenne en matière de production. Une proposition également partagée par Les Républicains.
L’investissement dans la recherche et l'innovation est un principe également partagé par l’ensemble des listes. Ainsi, Républicains comme Insoumis veulent augmenter les budgets européens alloués à la recherche publique.
De son côté, la majorité présidentielle veut instaurer le plan Marie Curie, un plan massif pour des vaccins et traitements européens contre le cancer, la recherche sur l'autisme et les maladies dégénératives, dont la maladie d’Alzheimer ».
Contre le renoncement aux soins, une CMU européenne
Résolument tourné vers la santé environnementale, le programme de la liste écologiste est aussi celui qui va le plus loin en matière de santé européenne. La liste menée par Marie Toussaint propose même de créer une CMU européenne, de manière à ce que personne « ne se prive de soin pour des raisons financières » et garantir « les conditions matérielles d’un droit universel ».
La liste écologiste place en haut de ses priorités l’investissement dans la santé mentale, dans les établissements de proximité et dans la santé des femmes. Une dernière mesure qui figure également dans les préoccupations de la majorité présidentielle.
Également portée sur la santé environnementale et la justice sociale et sanitaire, la liste LFI menée par Manon Aubry est plus radicale sur certaines questions. A ce titre, elle veut refuser « la libéralisation des laboratoires de biologie médicale et leur rachat par des fonds de pension », ainsi que le recours aux assurances privées.
En plein débat sur la fin de vie en France, la liste est également favorable à l’inscription du droit à mourir dans la dignité dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE, ainsi qu'à la généralisation « du droit à la fin de vie assistée en Europe », en facilitant son recours dans les pays où il est déjà légalisé.
Déserts médicaux : des hôpitaux transfrontaliers à droite, un bouclier rural à gauche
Le volet santé du programme des Républicains concerne essentiellement l’investissement dans la recherche. Plus original cependant, la liste menée par François-Xavier Bellamy envisage de « développer un réseau d’hôpitaux européens de haut-niveau dans un cadre transfrontalier ». Une manière de lutter contre les difficultés d’accès au soin hospitalier en zone frontalière, sur le modèle de l’hôpital de Cerdagne, dans les Pyrénées, ouvert en 2014. Les Républicains veulent ainsi décliner ce modèle à toutes les régions frontalières : (Hauts-de-France/Belgique , Grand-Est/Luxembourg et Allemagne etc…).
La liste PS-Place Publique, menée par Raphaël Glucksmann, propose elle aussi des mesures pour désenclaver les territoires et lutter contre les déserts médicaux. Les socialistes entendent ainsi créer un « bouclier rural », en doublant les crédits du programme européen dédié à la ruralité (LEADER). L’objectif : soutenir financièrement les services publics dans les territoires en difficulté. À ce titre, les socialistes proposent de financer « 100% » des projets qui touchent aux services publics de base, comme par exemple l’installation de professionnels de santé en zone rurale.
Qui du journaliste ou de Raphaël Glucksmann confond désert médical et ruralité ? Classique exaspération…
Bonjour Laura D, est-ce que cet amalgame est vraiment faux à vos yeux ? Même si les déserts médicaux s'étendent bien au delà des zones rurales, bien sûr.