Ecologie à l'hôpital : la grandeur des petits gestes

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Qui a dit qu’il fallait de gros moyens pour faire une différence dans la vie ? Julien Brunier est interne au CHU d’Angers et partout où il passe, il essaie d’insuffler un vent d’écologie, pour que l’hôpital ne soit plus le mauvais élève environnemental.

Ecologie à l'hôpital : la grandeur des petits gestes

Julien Brunier est interne au CHU d’Angers en biologie médicale. Avec un collègue pharmacien rencontré en internat à Bordeaux, il fait un constat. L’hôpital pollue et l’hôpital peut faire des efforts. Des efforts portés d’abord individuellement pour gagner ensuite le collectif.

En discutant avec Julien Brunier, on se rend vite compte que c’est un passionné, très investi dans ce combat environnemental. Pour lui, les dérèglements climatiques ont une influence directe sur le système de soins.

« Le point central est l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère qui entraine une augmentation des vagues de chaleurs, de la température et des pluies en intensité mais pas en quantité, donc elles sont plus violentes et concentrées mais rechargent moins », explique Julien Brunier.

« Plus la température est élevée, moins il y de précipitation et moins la qualité de l’air est bonne. Cela entraine donc une augmentation des maladies respiratoires comme l’asthme, les allergies mais également les maladies cardiovasculaires. En termes d’intensité et de durée, le dérèglement climatique modifie complètement l’écologie de notre territoire et des maladies infectieuses. Enfin, du côté de l’eau, les événements climatiques extrêmes peuvent attaquer les infrastructures de traitement de l’eau et favoriser des maladies qui y sont liées. »

Et au delà de ce constat, l'homme a décidé de s'engager. Une révélation qui s’est faite au cours d’une lecture, celle du livre de Pablo Servigne et Raphael Stevens « Comment tout peut s'effondrer : petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes (2015) ». A partir de là, il a commencé à cogiter, à vouloir agir. « Avec mon collègue Paul Mouthon, pharmacien également interne de biologie médicale, nous avons réfléchi ensemble à des projets pour construire l’hôpital de demain. Ce n’est évidemment pas quelque chose que l'on pouvait faire à deux médecins. Au début on s’est dit qu’on allait faire des actions à notre portée. »

Et parce que toute action commence par un premier pas, les deux hommes se sont attaqués au système de recyclage au CHU de Bordeaux : « Nous avons pensé un perfectionnement du circuit de recyclage du papier. Le CHU de Bordeaux dispose d’un circuit optimisé mais pas assez communiqué. Si on met du papier dans les ordures ménagères, il est brûlé alors que si l’on le recycle, cela fait moins d’émission de CO2 lors de son traitement, un processus permet d'enlever l’encre et de le réutiliser. Il peut être recyclé jusqu’à 7 fois ! », rappelle Julien Brunier. 

« On a communiqué sur le circuit déjà en place à travers une petite présentation via un powerpoint pour en expliquer les enjeux. La difficulté est de prendre l’habitude, il faut donc mettre en place un circuit non contraignant. On a voulu que tout le monde fasse autant, quelle que soit sa place hiérarchique. On a identifié les points de collecte du papier pour savoir où le mettre, mettre en place des broyeurs pour les documents confidentiels et une fois par semaine un agent, un médecin, un technicien, un cadre, tour à tour s’occuperait de mettre ce papier au point de collecte. Pendant 2 mois on l’a fait en pilote à 2 avec Paul pour faire ensuite une estimation du temps que ça prenait, soit 15 minutes en moyenne. On l’a ensuite présenté aux équipes de pharmaco-toxicologies. Quand notre stage arrivait à la fin, on a trouvé la solution de donner ce projet aux cadres de santé pour qu'ils le continuent. Avec ce papier broyé on voulait faire de la communication sociale et humaine, faire des poufs, les donner aux enfants atteints d’un cancer hospitalisés, on leur a partagé tous nos projets. »

Arrivé à Angers, il faut recommencer, sur un nouveau terrain avec d’autres actions. Et pas question de baisser les bras. « Je suis en train de les initier. Je ne connais pas encore le bassin du CHU. Pour l’instant je ne m’adresse qu’à mon corps médical, via  des mail et un groupe Facebook des internes de médecine et pharmacie et biologie ». Première étape, la diffusion de films pour vulgariser et partager les avancées scientifiques afin de sensibiliser aux questions environnementales.

Et pour l’avenir ? Pas de répit pour ces deux engagés qui ont la volonté d’écrire un livre ou un essai sur ces sujets qui leur tiennent à cœur dans le but de sensibiliser à leur tour d’autres personnes. Un effet domino de l'engagement environnemental en santé ?  

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