#DocteurGreen – Les médecins et le tri, « c’est pas gagné ! »

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Reportage à la Pitié Salpêtrière, plus gros hôpital d’Europe.

#DocteurGreen – Les médecins et le tri, « c’est pas gagné ! »

Le tri à la maison, c’est à peu près clair pour tout le monde. Plastique, papier, verre, déchets, chacun sa poubelle. Et à l’hôpital ? Sait-on vraiment ce qui va dans la poubelle jaune (DASRI) plutôt que dans la poubelle noire (DAOM) ? What’s up doc est parti enquêter sur le terrain du plus gros hôpital européen : La Pitié Salpêtrière (APHP).

A la Pitié, Agnès Pradel est référente déchets et développement durable, et Jocelyne Jouchter, coordinatrice des prestations logistiques et du développement durable. Leur constat sur le comportement des médecins par rapport à la problématique environnementale est sans appel : « c’est pas gagné », nous dit Agnès Pradel. Et Jocelyne Jouchter d’ajouter : « ils sont mal sensibilisés ».

« Les professionnels, soignants et personnel médical, trient mal à la source, c’est-à-dire au sein des unités de soin », affirme Jocelyne Jouchter. Et elle donne des exemples concrets. Un audit réalisé en juin dernier le démontre : « on retrouve dans les DASRI (Déchets d'activités de soins à risques infectieux) des déchets qui n’auraient jamais dû y être », selon Jocelyne Jouchter. Notamment « tout ce qui est emballage, matériel de nettoyage, beaucoup de choses qui ne sont pas infectieuses », ajoute Agnès Pradel. « Des pots de yaourts encore entiers, des distributeurs de savons », autant de déchets qui ne sont pas à leur place dans la poubelle jaune.

Economie et écologie

Et alors ? serait-on tentés de dire. Sauf que les DASRI sont environ 5 fois plus chers à éliminer que les DAOM (Déchets assimilés aux ordures ménagères). Et ce n’est pas uniquement une question de coût : le traitement des DASRI demande beaucoup plus de précautions et d’énergie que le traitement des DAOM.

Le manque de conscience écologique des médecins ne s’arrête pas au tri. Il concerne également l’achat d’équipement, « or le développement durable commence ici », selon Jocelyne Jouchter. Il faut privilégier « un achat écoresponsable dans le cadre du besoin réel et pas lié à un caprice », ajoute-elle, parce que nous ne parlons pas ici d’achats de stéthoscopes. Lorsqu’on choisit un nouvel équipement, il faudrait par exemple prendre en compte de façon plus systématique le coût et l’impact environnemental du consommable, qui souvent « finit par dépasser le coût d’achat de l’équipement », ajoute Jocelyne Jouchter,

Je panse (je pense) donc je trie

Des formations sont organisées à l’hôpital. Agnès Pradel nous parle de la dernière en date, organisée à l’occasion de la semaine du développement durable en juin dernier : « une partie théorique, courte, pas plus d’une demi-heure, et une partie pratique où on regarde leurs poubelles », c’est-à-dire qu’on vérifie si le tri est bien fait. Pourtant, c’est au niveau des études de médecine qu’il faudrait intégrer cette problématique, selon les deux responsables. Agnès Pradel pense à une formation développement durable « qui serait répétée plusieurs fois pendant le parcours pour que ça devienne un réflexe, comme la sécurité incendie ».

L’écologie et le tri, « c’est un enjeu économique et écologique pour l’hôpital », conclut Jocelyne Jouchter. « ‘Je pense donc je trie’, c’est ce que nous avions écrit en rigolant dans notre campagne de sensibilisation », ajoute Agnès Pradel. « Mais dans l’ensemble, c’est ça : ça signifie ‘je réfléchis’ », et donc j’agis en toute conscience pour l’environnement. L’écologie, c’est aussi « ne pas rendre malade les gens qu’on essaie de soigner ! », conclut Agnès Pradel.

Source:

Cécile Lienhard

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