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Le Dr Bernard Ortolan, président du Haut conseil du DPC, se dit stupéfait par ce démantèlement brutal. Dans une interview accordée à Medscape, il déplore une décision « insupportable, prise sans visibilité ni cadre », et « sans gain économique identifiable ». « Supprimer le DPC indemnisé, le seul système qui fonctionnait avec une exigence de qualité scientifique et pédagogique, c’est absurde. C’est de la “cancel politique” ! », s’indigne-t-il.
D’après lui, la certification périodique, censée remplacer à terme l’obligation triennale du DPC, est encore balbutiante et loin d’être applicable rapidement. Les professionnels pourront continuer à suivre des actions de DPC en 2026, mais « le dispositif fonctionnera en mode dégradé », prévient-il.
Un effondrement du dispositif
La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) monte elle aussi au créneau. Dans un communiqué daté du 27 novembre 2025, son président, le Dr Franck Devulder, dénonce une décision « unilatérale, sans document, sans calendrier, sans pilote », qu’il qualifie de « trumpisme administratif ». Il alerte :
« Le DPC, construit depuis plus de 10 ans par les professionnels de santé pour les professionnels de santé, est en passe d’être repris en main par l’administration centrale. »
Ce transfert vers des opérateurs étatiques sans compétence métier constituerait, selon lui, « un coup porté à la certification et à la qualité des soins », risquant « une perte de l’expertise médicale », « une désorganisation des processus », « une rupture de confiance des professionnels » et « un découragement des organismes de formation ».
Une désorganisation déjà visible
Sur le terrain, la situation est déjà tendue. Dix pour cent des salariés de l’ANDPC ont démissionné ces derniers mois, et beaucoup cherchent à partir. Les syndicats internes évoquent une maltraitance envers les personnels, sommés d’assurer la transition tout en étant tenus dans l’ignorance. Le Comité social d’administration (CSA) de l’agence réclame une lettre de cadrage officielle.
Une administratrice provisoire, Sandrine Pautot, doit prendre ses fonctions le 12 janvier 2026, mais aucune feuille de route précise n’a été communiquée. « Comment garantir demain le paiement des organismes, l’ouverture des inscriptions ou la publication des actions ? », interroge la CSMF.
Une transition confuse, sans garanties
Pour l’heure, les orientations nationales 2023–2025 ont été prorogées jusqu’en 2026, et les actions déjà validées pourront être réalisées comme prévu. La plateforme d’inscription devrait rester opérationnelle. Mais au-delà de 2026, l’incertitude domine. Le volet scientifique de l’ANDPC devrait être confié à la HAS, et la gestion budgétaire à France Compétences, structure relevant du ministère du Travail.
L’argument financier ne convainc pas les acteurs du DPC. Le rapport de l’IGAS à l’origine de cette décision pointait des dysfonctionnements, mais la réponse apportée apparaît à beaucoup disproportionnée. En l’état, l’obligation triennale de DPC n’est pas officiellement supprimée, mais sa pérennité reste floue.
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