Dis doc, t’as toujours pas ton doc, apparemment

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Une enquête Ifop confirme la tradition : la santé est une histoire de médecins, mais les médecins et leur santé, c’est une sale histoire. Plus de la moitié des libéraux estiment qu’ils sont moins bien soignés que leurs patients.

Dis doc, t’as toujours pas ton doc, apparemment

La campagne « Dis doc, t’as ton doc », lancée en 2017 par le Collège français des anesthésistes réanimateurs (CFAR) ne semble toujours pas imprimer : les médecins se soignent mal. Le pire, c’est qu’ils sont au courant : 53 % des médecins libéraux estiment être moins bien soignés que leurs patients, d’après une enquête Ifop (1) publiée le 24 septembre.
 
Car oui, ça peut paraître un peu méta comme concept, mais les médecins peuvent aussi tomber malades. Et le souci, c’est qu’ils sont souvent leurs propres référents. Seuls 21 % des médecins interrogés déclarent avoir un médecin traitant autre qu’eux-mêmes. Les trois quarts sont leur propre médecin traitant, et c’est même 78 % pour les hommes (68 % pour les femmes). Les généralistes sont les mauvais élèves (81 %), comme les plus âgés : 82 % des médecins avec 30 ans d’ancienneté se soignent eux-mêmes.

Je ne m’arrêterai JAMAIS !

Ce qui étonne dans l’enquête, c’est le niveau de conscience : 27 % des médecins déclarent ne pas s’appliquer les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS). Pour la prévention, il faudra revenir : un tiers des hommes, et deux tiers des femmes (!) ne se sentent pas concernés par les risques cardio-vasculaires.
 
Moins étonnant, le recours aux arrêts de travail est très limité (rappelons que l’Ifop a interrogé des libéraux). Seuls 8 % ont pris un peu de repos en lien avec une maladie. Un chiffre est tout de même plus étonnant : près de la moitié (49 %) des libéraux n’ont jamais eu besoin d’un arrêt (dis donc, doc, tu fais comment quand t’as une virose hivernale ?).
 
Un tiers des médecins connaît un confrère qui ne devrait plus exercer en raison de son état de santé. Il est peut-être difficile de savoir à quel moment s’arrêter, d’où l’intérêt d’avoir une référence extérieure, même si ça ne fait pas plaisir ! Alors s’il te plaît, doc, écoute le CFAR et prends ton doc.
 
(1) L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 301 médecins libéraux (généralistes et spécialistes). La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, spécialité médicale) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 22 août au 6 septembre 2019.

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