Dans la rue pour sauver l’hôpital

Article Article

Pour défendre l'hôpital public, médecins et personnel soignant s’étaient donnés rendez-vous, ce mardi, pour manifester dans les rues de Paris. 

Dans la rue pour sauver l’hôpital

Entre le soleil froid d’une journée de décembre, et une présence policière débordante, les professionnel.le.s de santé ont défilé, ce mardi, pour dénoncer leurs conditions de travail. Pendant une petite heure, ils ont marché sous le slogan “Soignant.e.s épuisé.e.s, patient.e.s en danger”. Le cortège qui est parti de la gare du Nord s’est retrouvé place de la République vers 14h. 
 
Aude, 27 ans est externe en région parisienne. Elle raconte les lits supprimés dans les hôpitaux publics, le manque de personnel et la fatigue. “Je suis là aujourd’hui pour sauver la médecine française”. Alors pour tenter de marquer les esprits, c’est avec une chorégraphie de pom-pom girls qu’elle s’élance dans la manifestation. “On s’en fiche que ce type d’action soit dépassé, trop genrée ou d’un autre temps. On veut rire, ne pas se prendre au sérieux et faire avancer notre cause”
 
A ces côtés, Pauline, 30 ans est médecin généraliste en maison de santé dans le XXe arrondissement de Paris. Avec son vélo, elle est venue défendre l'hôpital public. “La situation des hôpitaux m’inquiète. On a besoin d’eux pour nos patients. On a besoin de tous les corps de métier. Infirmier.e.s, kinés, etc.” D’une voix calme et posée, elle raconte comment peu à peu le manque de moyens de l'hôpital affecte sa façon de travailler. “Comment peut-on soigner nos patients sans hôpitaux ?” D’autant plus, ajoute Omar, 28 ans, interne au Kremlin-Bicêtre, que cette situation met en danger les patients. Blouse blanche vissée sur le dos, il décrit le cas d’un patient que les urgences ont amené dans son service “car c’était le seul service à avoir un lit disponible”.

En urgence vitale, il se remémore la panique dans le service. Une infirmière débordée à devoir gérer douze lits, seule avec une aide-soignante. “Résultat, je le prends en charge pour l’envoyer le plus rapidement possible en réanimation”. Mais là problème : aucun brancardier n’est disponible pour effectuer le déplacement de lit. “C’est moi qui m’en suis chargé. Ce n’est pas mon travail mais dans l’urgence, comment faire autrement ?”.
 
Derrière lui, un soignant déguisé demande à “prier pour l'hôpital”. Le cortège est rythmé par ses prières de rues. Sur le goudron froid, trois personnes masquées se mettent à genoux, sans une parole. Dans leurs mains des bougies. Dans leur tête, la même révolte de voir leur travail de plus en plus difficile. “Je ne veux pas travailler moins, raconte l’un d’eux, je veux juste travailler mieux ”. La banderole dans les mains, Nicolas, 53 ans, médecin urgentiste du Samu de Garches, décrit, lui aussi, les problèmes d’effectifs qui touchent son service.

“On est là parce que sincèrement, on n’a plus le choix. Soit on dit stop à cette casse, soit on va mourir. Aujourd’hui je suis là pour dire stop aux fermetures de lits et oui à l’embauche de personnel soignant ! ” Lui qui raconte manifester pour défendre l'hôpital depuis le début du mouvement en septembre, va continuer la manifestation avec le cortège opposé à la réforme des retraites. “Peur de diluer la lutte”, “pas concerné par la reforme”, “pas renseigné”, peu de médecins affirment vouloir se greffer au mouvement. “Normal, conclut Nicolas, ils ne se sentent pas concernés. Eux, ils ont de bons salaires.”
 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers