Covid-19 : la Tunisie boit la tasse

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[Article mis à jour le 26 juillet] Hôpitaux débordés, mortalité en hausse, faible couverture vaccinale… Depuis quelque temps, la Tunisie fait face à un emballement épidémique inquiétant. 

Covid-19 : la Tunisie boit la tasse

En Tunisie, l’heure est grave. Depuis quelque temps, le pays fait face à un emballement épidémique d’une rare ampleur. Une actualité qui fait suite aux difficultés rencontrées par le pays à se procurer des vaccins.

Un emballement épidémique

En tout, environ 10 000 nouveaux cas quotidiens seraient recensés en moyenne chaque jour dans ce pays qui compte seulement 12 millions d’habitants. Une effervescence épidémique qui se traduit par une pénurie de moyens dans les hôpitaux tunisiens. « Non seulement nous sommes à peu près à 200 décès par jour, […] mais aussi les services pour la prise en charge, l’hospitalisation, les lits d’oxygène sont actuellement occupés à leur maximum », témoigne Rafla Tes Dellagi, responsable du centre de vaccination du Palais des Congrès de Tunis.

Une situation catastrophique qui s’illustre dans le taux de consommation d’oxygène du pays. Habituellement, seuls 25 000 litres sont utilisés quotidiennement. Un chiffre qui flirte désormais avec les 230 000 litres par jour. « C’est comme si nous avions une bombe à retardement. Tous les patients vont mourir, mais on ne peut pas leur dire », témoignent des professionnels de santé inquiets.

Une « bombe à retardement » qui a d’ailleurs explosé à l’hôpital public de la ville de Mateur, près de Bizerte dans le Nord du pays. La semaine dernière, l’établissement de santé est tombé à court d’oxygène. Pendant une heure, les dizaines de patients Covid que compte l’hôpital n’ont pas pu être alimentés. Une situation qui fait craquer le directeur de l’établissement dans une vidéo devenue le symbole des difficultés rencontrées par les hôpitaux tunisiens.

Une couverture vaccinale discrète

Et la vaccination dans tout cela ? Actuellement, seuls 7 % de la population aurait reçu un schéma vaccinal complet. Faute de doses, la vaccination n’était ouverte qu’à une petite partie de la population depuis mars dernier. La semaine dernière pourtant, le Ministre de la Santé a décidé de mettre les bouchées doubles. Durant les deux dernières journées de repos de la fête de l’Aïd al-Adhha, toutes les personnes âgées de plus de dix-huit ans étaient invitées à se faire vacciner. Une vaccination « open bar » qui s’est soldée par un fiasco. Des milliers de Tunisiens se sont en effet entassés devant la trentaine de centres de vaccination prévus pour l’occasion. Un embouteillage qui a accru les risques de propagation du virus. En conséquence, le ministre de la santé publique a été limogé.

Et le tourisme en ce moment ?

C’est dans ce contexte inquiétant que les vacances estivales se poursuivent en Tunisie. Malgré la situation sanitaire, les visiteurs - vaccinés ou non - sont toujours bienvenus dans le pays. Un laissez-passer que de nombreux touristes n’hésitent pas à saisir. Dans la station balnéaire de Sousse notamment, les touristes continuent de s’amasser sur les plages. Un instant farniente qui se déroule à quelques kilomètres seulement de l’hôpital Farhat Hached de Sousse (est) qui fait face à des pénuries d’oxygène. « On tient le coup, mais la situation est précaire », témoigne pour l’AFP le chef des Urgences à Sousse. Pour lui pas de doute pourtant, « la catastrophe ne viendra pas de l'afflux de patients, mais de l'épuisement des soignants ». Une prédiction d’autant plus crédible que, mercredi, le chef du gouvernement Hichem Mechichi a annoncé que le personnel hospitalier était privé de ses congés. 

Des dons internationaux de vaccins 

La Tunisie avait appelé à l’aide. Un cri du coeur qui a été entendu à l’échelle internationale. Depuis quelques jours, les dons affluent pour éviter la catastrophe sanitaire.  En tout, 3,2 millions de vaccins ont été réceptionnés par les autorités du pays. Un joli pactole qui devrait grimper à 5 millions d’ici la mi-août. Si la France avait annoncé fin de semaine dernière avoir transmis un million de doses (Janssen et AstraZeneca), la Chine, les Émirats arabes unis et l’Algérie se sont également mobilisés. Dans le détail, les deux premiers ont donné chacun 500 000 doses. Leurs voisins algériens, quant à eux, en ont livré 250 000. « Les dons de vaccins vont nous permettre d'accélérer la vaccination pour réaliser notre objectif de vacciner à peu près 50 % de la population d'ici mi-octobre », s’est félicité le Dr Hechmi Louzir, responsable de l'Institut Pasteur de Tunis.

 

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