Comment les CPTS vont modifier la pratique de la médecine

Article Article

Dans une salle du ministère de la Santé, la fédération des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé)  a organisé, mercredi 23 octobre, la première journée nationale sur la question. L’occasion pour les professionnel.le.s de santé de comprendre un peu mieux ce qui se cache derrière ce sigle et de découvrir quels vont être les changements dans leur manière d'exercer la médecine.

Comment les CPTS vont modifier la pratique de la médecine

“Faire communauté ce n’est pas naturel chez les libéraux”, lance Jean-Philippe Brégère, pharmacien et trésorier de la Fédération des Communautés professionnelles territoriales de santé (FCPTS). Sur l’estrade, il raconte les métiers de santé en crise, leur mutation et la difficulté pour certain.e.s libéraux à déléguer. “C’est une transformation profonde de notre façon de travailler qui va prendre plusieurs années. L’idée de ces CPTS c’est d’avancer ensemble pour faire émerger un projet de santé commun”. Une sorte de “maison de santé hors des murs”, définit le député LREM Thomas Mesnier. Pour faciliter “l'exercice de la médecine libérale”, le parlementaire revient sur la nécessité de mettre en place une meilleure fluidité entre les soins non programmés, les urgences non vitales et le ou la médecin généraliste.
 

Une approche pluridisciplinaire où les médecins vont devoir apprendre à déléguer 

 Du côté de Valençay, Sylvaine Le Liboux, médecin généraliste, raconte que cette structure associative lui a permis d’augmenter son nombre de patients sans ajouter de charge de travail. “En nous organisant en CPTS, nous avons pu embaucher un assistant qui coordonne les soins et s’occupe de la gestion administrative. Maintenant, il va falloir que l’on apprenne à mieux travailler ensemble, pour que le parcours de soins soit le plus facile possible”. Pour cette médecin, l’organisation en CPTS lui aura permis aussi d’établir des liens entre les différents acteurs du secteur jusqu’à présent isolés. “De fait, c’est une manière pour les médecins d'être mieux informés dans l’offre médicale, des avancées scientifiques et des nouvelles spécialisations”. Même analyse de Catherine Kirnidis, infirmière en Avignon. “Les CPTS vont aussi permettre de redéfinir les rôles de chacun et chacune dans l’organisation des soins.” Qui pour faire les vaccins, s’occuper d’un patient de sortie d'hôpital, comment s’organiser au quotidien ? Le plus difficile reste d’apprendre à déléguer pour éviter les batailles d’égo, les couacs et les tensions, souligne-t-elle.
 

Des liens renforcés avec les hôpitaux 

 
Autre changement notable, le rapport avec les structures hospitalières. Sylvie Rossignon, généraliste dans la région de Nancy raconte le cas d’une patiente âgée de retour à son domicile après une opération. À l'hôpital, une valve lui a été posée et elle doit être sous traitement continu. L’infirmière qui s’occupe des traitements pour le diabète de son mari découvre plusieurs jours après que cette femme est restée sans prise en charge. “Cela aurait pu lui être mortel”, raconte Sylvie Rossignon. “L'hôpital n’a pas signalé sa sortie, ni son état à l’équipe qui la suit au quotidien”. Cette soignante explique que le principal changement dans la pratique de la médecine avec ces CPTS, c’est justement une meilleure communication entre soignant.e.s pour éviter ce type de cas. Car si chaque contrat va être différent puisqu'il dépend du territoire, 95,97 % des CPTS ont mis dans leur mission la sortie hospitalière.
 
 
 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers