Clément ouvre ses synapses

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Ancien interne en santé publique, Clément Goehrs a créé sa start-up en même temps qu’il terminait son internat.  Tout est possible !!!
 

Clément ouvre ses synapses

Digne héritier d’une dynastie médicale, Clément Goehrs est resté fidèle à la « mif », en faisant un pas de côté, tout de même : il fait désormais carrière dans le milieu des start-up médicales. Et, selon lui, il pratique toujours la médecine : « Je fais de la médecine tous les jours. Je prends tous les jours des décisions basées sur mes connaissances médicales qui vont impacter le produit, utilisé par des médecins et des patients. J’implique mes connaissances médicales et cliniques. »  À la tête de la start-up Synapse Medicine, un assistant IA (intelligence artificielle) d’aide à la prescription et la dispensation de médicaments, Clément Goehrs n’a donc pas l’impression de trahir son père, médecin généraliste, ni même sa sœur, gériatre. De toute manière, nous confie-t-il, la famille ne lui avait adressé aucune injonction pour qu’il suive le même parcours que les aïeux…

« Faire des études scientifiques me paraissait être une évidence. Faire médecine, pas forcément », se rappelle Clément Goehrs, qui a finalement terminé son internat à Bordeaux, après un externat à Paris -Ouest. Il faut croire que la capitale de la région Aquitaine lui a plu, puisqu’il a décidé de s’y installer. Et d’y fonder sa start-up, Synapse Medicine, alors qu’il finissait son internat en santé publique, en 2017. Comme pour la médecine, l’entreprenariat en e-santé n’avait pour lui rien de naturel. « Ce qui s’est passé, c’est que je me suis intéressé aux Hackatons par pure curiosité. Je suis donc allé à Strasbourg au Hacking Health Camp, en 2014, et j’ai trouvé cela génial, c’était au début de mon internat. Il y avait des professionnels en santé, des développeurs informatiques, des gens du marketing, j’ai adoré la communication entre ces différents professionnels. J’ai été abasourdi de ce que l’on pouvait faire en 48 heures en réunissant tous ces professionnels autour d’une table. »

DÉMYSTIFIER LA E-SANTÉ

Celui qui, faute de vouloir changer le monde, veut au moins bouleverser la prise en charge médicale, décide de se consacrer à l’informatique de santé.  « Je ne rentrais pas vraiment dans la catégorie du geek, je ne code pas vraiment même si j’aime les jeux vidéo. Cela prouve que l’on peut faire un master en informatique médicale sans avoir appris à coder à l’âge de 13 ans », précise Clément, qui veut réellement démystifier la e-santé : « Je me bats pour expliquer cela aux jeunes médecins : ils ont un niveau scientifique excellent, ils sont complètement capables de comprendre la data -science, le machine -learning, le développement informatique… » En 2015, Clément Goehrs embraye donc, parallèlement à son internat, sur un master 2 en informatique médicale. Puis suit un stage de huit 8 mois à Stanford, suivi d’un passage à la Business School dans la même ville. Bardé de ces diplômes, Clément Goehrs se lance donc, avec Louis Létinier, son comparse en internat de santé publique, et fonde sa start-up.

Synapse Medicine n’est pas un logiciel d’aide à la prescription, stricto sensu. « Nous aidons sur les ordonnances complexes. Synapse, c’est un assistant à qui vous posez des questions et qui y répond. Plutôt que d’aller dans Google et de tomber sur des datas qui ne sont pas à jour, vous allez poser vos questions à l’assistant Synapse qui vous fournira la bonne réponse en fonction de bases de données mises à jour. » Sur abonnement, mais disposant d’une version gratuite, l’application Synapse Medicine, qui s’adresse aussi bien aux médecins qu’aux pharmaciens ainsi qu’aux patients, a été pensée pour la pratique médicale : « Ainsi le médecin peut prendre sa décision en 2 secondes. »

SIH ET TÉLÉMÉDECINE

Intégrée dans les systèmes d’information hospitaliers, (SIH), mais aussi dans les grandes plateformes de télémédecine, Synapse Medicine peut aussi aider les médecins dans le domaine de la revue d’ordonnances : « Vous pouvez prendre en photo votre ordonnance et nous vous dirons tout ce qui ne va pas dans cette ordonnance, mais de manière plus ergonomique qu’un logiciel d’aide à la prescription. Et l’on va vous aider sur le remplacement de telle molécule par telle autre. » En forte croissance cette année, puisque la start-up prévoit de doubler ses effectifs, Synapse Medicine a réussi sa première levée de fond de 2,5 millions d’euros en mars 2019.

En projet : une étude de trois 3 ans avec l’HEGP, le CHU de Rennes et celui de Bordeaux. Mais aussi la sortie imminente d’une appli pour les patients, qui leur permettra de scanner les médicaments pour disposer des bonnes informations : « Un peu comme l’application Yuka permet de scanner les aliments pour évaluer la qualité des produits », précise Clément Goehrs. Assurément, l’ex-interne en santé publique a développé une nouvelle manière peu orthodoxe de pratiquer la médecine. Pas forcément reconnue. Un regret pour lui : « Il est dommage de résumer la médecine à la clinique alors que pour moi c’est une discipline scientifique. Il y a plusieurs façons de faire de la médecine. »

 

BIO Express
1988 : NAISSANCE.
2014 : DÉBUT D’INTERNAT AU CHU DE BORDEAUX
2017 : CRÉATION DE LA SOCIÉTÉ SYNAPSE MEDICINE
2019 : LEVÉE DE 2,5 MILLIONS D’EUROS

 

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