Capital malady

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Ciné week-end : A Cure For Life, de G. Verbinski (sortie le 15 février 2017)

Capital malady

Un conte fantastique inquiétant assez réussi, doublé d'une fable joliment acerbe sur les vicissitudes de notre temps.

Menacé de dénonciation pour des malversations financières, un trader est contraint par sa société de se rendre dans un étrange sanatarium dans les Alpes suisses. Là, il devra convaincre son PDG de revenir et signer des traités vitaux pour l'entreprise. Sauf qu'évidemment, rien ne se passera comme prévu...

L'avantage avec les films dont on n'attend rien, c'est qu'il est facile d'être agréablement surpris. C'est un peu le cas de cette cure for life (encore un titre qui ne veut rien dire et n'a même pas l'excuse d'être le titre original...) qui, au vu de la bande-annonce, laissait augurer un grand n'importe quoi. Certes, il y a à boire et à manger dans ce film assez mégalo, où il est question d'une eau aux mystérieuses propriétés et d'un établissement de santé ressemblant à une pâtisserie allemande un peu écœurante, type forêt noire. C'est un peu comme si Jérôme Kerviel débarquait au Grand Budapest Hotel et y découvrait un monde parallèle à la American Horror Story...

Soignez-moi ce capitalisme

Pourquoi est-ce néanmoins un film intéressant? D'abord et avant tout, parce qu'il prend le parti de tout miser sur l'atmosphère et le scénario. Cela donne une intrigue rondement menée qui prend le temps d'installer une ambiance, avec l'aide de ce lieu somptueux aux richesses visuelles et fantasmatiques inaltérables. Hollywood reste le royaume des faiseurs, et ce travail-là est bien fait.

Mais ce que nous avons préféré est le sous-texte qui, sans être d'une transgression absolue ni d'une originalité folle, reste assez culotté. Reprenant la thématique d'un capitalisme ontologiquement malsain, de l'ordre de l'incestualité ou de l'autophagie, pour en faire une maladie mentale des temps modernes, et faisant écho à une actualité fournie, Gore Verbinski marcherait presque dans les pas des fameux Damnés de Visconti, tout en restant exclusivement à sa place d'entertainer. Et adresse ainsi un joli pied de nez au système dont il fait partie. On ne boudera pas ce petit plaisir...

Source:

Guillaume de la Chapelle

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