« Black Friday » : les médecins entre « Don Quichotte » et « L’Empire contre-attaque »

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Nouvelle journée de mobilisation contre la loi Touraine

« Black Friday » : les médecins entre « Don Quichotte » et « L’Empire contre-attaque »

Les organisations de médecins libéraux appellent demain à un arrêt d’activité pour protester contre la loi Touraine. Alors que celle-ci sera selon toute probabilité votée, et avec elle la mesure-phare du tiers-payant généralisé, une question se pose : qu’espèrent les syndicats avec cette nouvelle mobilisation ?

 

« Black Friday ». Aux Etats-Unis, ces deux mots sont le symbole du consumérisme : ils évoquent un jour de soldes monstres, au lendemain de Thanksgiving, qui marque le début des achats de Noël. C’est pourtant le cri de ralliement que certains syndicats, comme la Fédération des Médecins de France (FMF), ont choisi pour appeler demain les libéraux à l’action.

Et si les autres organisations ne partagent pas la sémantique choisie par les troupes du Dr. François Hamon, elles s’accordent sur le même objectif : marquer, une nouvelle fois, leur opposition farouche à la loi Touraine, qui vient de faire son retour à l’Assemblée Nationale. Fait assez rare pour être souligné, l’ensemble des syndicats représentatifs s’est même entendu, dans un communiqué commun, pour faire du 13 novembre un jour d’arrêt d’activité pour les libéraux.

Si le gouvernement espérait jouir d’un peu de répit avec la fin de la campagne pour les élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS), il en est donc pour ses frais. Les opposants au projet de Marisol Touraine semblent plus remontés que jamais.

Mais qu’espèrent-ils au juste ? La loi vient d’être adoptée en commission par l’Assemblée Nationale, et sera selon toute probabilité votée avec les mesures controversées en séance plénière la semaine prochaine. Il restera encore un aller-retour à effectuer avec le Sénat, mais il y a peu de chances que le texte en sorte significativement modifié.

« Opérations escargot » et « désobéissance civile »

Et pourtant, certains veulent encore y croire : c’est le cas du Dr Jérôme Marty, président de l’Union Française pour une Médecine Libre (UFML) qui organise demain des « opérations escargot » sur les routes de France. Celui-ci pense que la procédure législative sera tellement longue que le vote final interviendra après les élections régionales, et donc après un (éventuel) remaniement incluant un (éventuel) départ de la ministre.

« Ce qui bloque aujourd’hui, c’est Marisol Touraine », veut croire celui qui fait figure de trublion dans le paysage syndical. « Le gouvernement a manqué le coche », poursuit-il. « Il est emmerdé avec cette loi comme le capitaine Haddock avec son sparadrap ».

Du côté de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF), le discours est plus réaliste. « Ce que nous espérons, ce n’est bien évidemment pas que la loi soit remise en question dans l’immédiat. On a bien compris qu’elle allait être votée », déclare à What’s Up Doc le Dr. Jean-Paul Ortiz, son président. « Mais nous voulons dire que nous n’acceptons pas ce projet, et que nous n’appliquerons pas le tiers-payant généralisé ».

Et quand on demande au patron du premier syndicat médical de France s’il demande à ses confrères de se mettre dans l’illégalité, celui-ci prend des airs de Martin Luther King : « la CSMF appelle à la désobéissance civile », affirme-t-il.

Une chose semble claire, en tout cas : que la loi santé soit votée ou non, les organisations professionnelles préparent déjà le coup d’après.

Source:

Adrien Renaud

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