#BigBangSanté : Les robots vont-ils remplacer les chirurgiens ?

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Et faut-il en avoir peur ?

#BigBangSanté : Les robots vont-ils remplacer les chirurgiens ?

La Maison de la Chimie (7e) accueille ce jeudi le Big Bang Santé  du Figaro, un évènement rassemblant les acteurs du monde médical et de l’innovation en santé. Au programme notamment, un débat sur l’arrivée de la robotique dans la chirurgie. Les robots vont-ils remplacer les médecins et chirurgiens ? Éléments de réponse.

« Il ne décide pas pour moi », tranche d'entrée de jeu Matthieu Durand, chirurgien-urologue au CHU de Nice et fondateur de What's up Doc. Mais ce dernier reconnaît l'utilité du robot car « il a la capacité de prolonger mon action au travers d’une console. Il augmente potentiellement mes capacités techniques ». Pour Bertin Nahum, fondateur de Medtech et Quantum Surgical, « le robot vient réduire l’aléa médical pour une action plus précise ». L’importance de la robotique dans l'exercice de la chirurgie fait donc l’unanimité parmi les débatteurs.  

« Il est temps que l’on se réveille »

En effet, devant un public bien silencieux, Jocelyne Troccaz, directrice de recherche au CNRS, rappelle aussi l’importance des nouvelles technologies. Mais la coordinatrice du Labex national-CAMI pointe néanmoins le problème de la recherche, très coûteuse : « C’est compliqué d’avoir des capitaux. Il faut impulser de nouvelles aides financières ». Même credo de la part de Bertin Nahum : « il est temps que l’on se réveille pour créer des leaders français dans ce domaine », martèle-t-il.

Et dans ce débat, la question de l’intelligence artificielle n’est jamais loin. Une IA qui pourrait elle aussi venir en aide au chirurgien. « Celui qui domine le jeu, c’est celui qui possède les données », prévient Matthieu Durand. « La bataille est déjà très bien engagée. Nous sommes en retard et on ne pourra jamais rattraper les leaders », ajoute-t-il. Bertin Nahum appelle lui à se concentrer sur les problématiques sur lesquelles les européens peuvent être leaders. « Si on ne met pas le pied à l’étrier de nos sociétés, elles se feront racheter et partiront ailleurs », craint-il. Vous l'avez compris, il n’y a pas de demi-mesure chez les participants à ce débat.

« La recherche en France ne forme pas des esprits prêts à évoluer »

Côté formation, « le problème c’est qu’on sait que l’on approche d’une bascule, mais qu’on ne sait pas à quel moment elle interviendra », reconnaît Matthieu Durand, pour qui on ne mesure pas encore le champ de compétences qu’il faudra modifier : « C’est un changement de culture. La recherche en France ne forme pas des esprits prêts à évoluer », lâche-t-il. L’entrepreneur Bertin Nahum rebondit aussitôt en indiquant que « le robot n’a jamais eu la prétention d’opérer mieux qu’un praticien qui a été formé ».

Mais alors, en cas de faute, si le robot fait une erreur médicale, à quel point est-il responsable ? La responsabilité juridique reste partagée, selon Jocelyne Troccaz. « Le robot est un outil maitrisé par un clinicien, possédé par un hôpital, et acheté à un fabriquant. Tous ces gens-là se partagent une chaine de responsabilité », souligne-t-elle. Et Bertin Nahum de conclure les échanges avec cette phrase : « Aujourd’hui, en chirurgie, les robots restent des outils ». Mais jusqu’à quand ?

Source:

Thomas Moysan

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