Baptiste Beaulieu et la grossophobie médicale ordinaire

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Plaidoyer pour une communication bienveillante...

Baptiste Beaulieu et la grossophobie médicale ordinaire

Généraliste et écrivain à succès, Baptiste Beaulieu est aussi un militant. Engagé contre l’homophobie, il l’est aussi sur des sujets moins médiatisés. Il raconte à What’s up Doc sa perplexité face à la grossophobie médicale ordinaire.

What’s up Doc. En tant que généraliste, comment es-tu confronté à la grossophobie ?

Baptiste Beaulieu. La dernière fois, une patiente de 25 ans est venue me consulter pour de l’arthrose au niveau du genou. Elle était en surpoids. Comment est-ce que je peux lui faire prendre conscience que les deux choses sont probablement liées sans pour autant m’inscrire dans la longue lignée des médecins culpabilisateurs qui, depuis qu’elle est gamine, lui mettent la tête dans le caca en lui répétant qu’elle est trop grosse ?

WUD. Alors, comment tu fais ?

BB. Je n’ai pas la réponse. Un jour, sur Twitter, un blogueur qui s’appelle Litthérapeute a posé la même question. Et Martin Winckler a eu une réponse qui peut paraître choquante : si la patiente ne t’en parle pas, pourquoi lui en parler ? Pourquoi lui parler de quelque chose qu’elle sait ? Tout dans notre société est là pour rappeler aux femmes qu’au-delà de la taille 36, elles ont un problème. Est-ce que dans un endroit qui est censé être safe comme le cabinet médical, le médecin doit se transformer en affiche de métro ?

WUD. Tu ne penses pas que le médecin a un message à faire passer ? Le surpoids est tout de même un facteur de risque pour un grand nombre de maladies…

BB. Je pense que tout le monde sait que le surpoids est un facteur de risque. J’y réfléchis d’autant plus qu’on a des études qui montrent que si tu culpabilises un patient sur son poids, la première chose qu’il fait en rentrant chez lui, c’est de manger. L’enjeu, c’est de passer du stade du médecin paternaliste qui va faire que ma patiente va sortir du cabinet en pleurant, à celui de médecin qui l’écoute, qui ne la juge pas, et qui est de son côté.

WUD. Il y a peut-être quelque chose à faire du côté de la formation médicale…

BB. C’est sûr. Quand on étudie la médecine, on n’étudie pas la psychologie. Il faudrait peut-être qu’on apprenne davantage la communication bienveillante. Au cours de ma formation, on m’a plus appris à être le papa de mes patients que leur allié.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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