Balance ton Kev

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Ciné week-end : Love addict, de F. Bellocq (sortie le 18 avril 2018)

Balance ton Kev

Pauvre Gabriel, accro non pas au sexe - trop vulgaire ! - mais au sentiment le plus noble. Kev Adams essaie de se retenir dans un film en totale roue libre et réussirait presque à nous dégoûter de l'amour. Mission accomplie ?

On pourrait presque croire que Love Addict est un film à la gloire de Kev Adams. Certes, il a été vendu comme tel - et on sent bien que c'était parce que c'était ça ou rien. Et pourtant, sa ténacité à jouer en sous-régime suggère que le film n'était pas forcément écrit pour lui au départ. Eh bien, à l'image du thème central du film, il aurait mieux fait de s'abstenir !

Au sortir de ce film tellement speed qu'il en devient fatigant, d'une vacuité abyssale, on se demande quel produit prenaient les scénaristes au moment de l'écriture. On se croirait revenus au temps de certaines séries des années 90 sur le tournage desquelles tout le monde ou presque sniffait de la coke pour tenir. En résulte un scénario hâché et écrit à la hâte (était-ce si dur de se renseigner pour savoir que notre Ordre ne s'appelle pas "l'Organisation Nationale des Médecins" ?).

En résulte un film aversif, où tout sonne faux, où chacun joue sur des registres tellement différents que cela aboutit à une dissonnance qui rajoute au malaise. Entre les acteurs plutôt prometteurs "vus à la télé" qui n'arrivent pas à être drôles et Marc Lavoine qui cabotine à nous rendre gênés pour lui, on est en plein naufrage. Mélanie Bernier, dont l'absence de racolage est à louer, fait ce qu'elle peut avec tout le charme dont elle dispose, mais ce n'est pas suffisant.

Enfin, l'accumulation sans vergogne des poncifs les plus éculés et misogynes sur les femmes, notamment au travail, est assez ahurissante. En ces temps de #MeToo, voir une meute de femmes se jeter aux pieds de leur collègue de travail et jouir de leur humiliation - sous couvert de sentiment amoureux bien sûr - montre à quel point ce Love Addict s'est trompé d'époque. Cependant, tout ça vole si peu haut qu'on doute que quiconque ait eu conscience du caractère transgressif que le film avait en germe....

Source:

Guillaume de la Chapelle

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