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« Si on est là c’est qu’on n’a pas été appelés, ni l’un ni l’autre, sinon on aurait annulé », Aurélien Rousseau attaque tout de suite par la question que tout le monde se pose. Est-ce que lui-même, ou Xavier Bertrand auraient l’intention de rempiler avenue Dusquenne ?
Une fois ce sujet évacué, le débat peut commencer autour de la prévention, avec ce titre volontairement provocateur : « Pourquoi sommes-nous aussi médiocres ? » Et là encore Aurélien Rousseau avec son franc-parler répond direct : « On n’est pas nul ! Mais… On n’a pas gagné le débat culturel et idéologique, au moment du PLFSS, personne ne va se battre pour les budgets pour la prévention mais tout le monde va se battre pour le nombre de lit de réa. Or, je l’ai vu pendant le Covid, les gens ne sont pas morts d’un manque de lit, mais les gens sont morts parce qu’ils étaient obèses »
Aurélien Rousseau, Xavier Bertrand, tiennent à la liberté d’installation
Les deux politiques citent plusieurs initiatives de prévention qui ont imprimé : les 5 fruits et légumes par jour, l’interdiction de fumer, la vaccination… et même plus récemment le Beyfortus contre les bronchiolites, ou la vaccination des jeunes filles et jeunes garçons contre le HPV…
Même si pour Xavier Bertrand, « On a régressé sur l’espérance de vie en bonne santé. Il n’y a pourtant que la prévention qui permet de faire mieux ». Et pour cause : « La santé n’est pas une priorité dans les politiques publiques. C’est un sujet un les plus important dans les priorités des Français, mais ni dans l’ordre protocolaire des gouvernements, ni dans les budgets, la santé ne passe en premier. La prévention est une logique du moyen et du long terme, et ça ce n’est pas la logique de Bercy. Pour changer les choses, il faut un poids politique pour le ministre de la Santé, et il faut une certaine longévité dans la fonction. »
Aurélien Rousseau enchaine, toujours un peu provocateur : « Dans ce pays, on croit que les professionnels qui travaillent dans le social sont des gros nazes. Pourtant, l’Assurance maladie, ne doit plus être une caisse, mais un assureur qui va assurer le risque long. »
Les deux ministres pointent aussi un défaut du pays, son attachement à ses hôpitaux trop nombreux, et tellement inégaux. Pour Aurélien Rousseau, « On doit dire la vérité, jamais nous irions nous faire soigner dans certains établissements, mais on ne le dira jamais, alors que le sujet doit être posé. »
Xavier Bertrand abonde : « Ce que les Français demandent pour la proximité, c’est l’urgence, mais pour le reste, ils veulent le meilleur service et ils sont prêts à faire des kilomètres. Quand on a un sujet particulier, on va chercher le meilleur ».
Sur la liberté d’installation, dont on dit qu’elle pourrait être remise en cause, les deux ex-ministres ne voient pas cette modification d’un bon œil. Pour Xavier Bertrand « la liberté d’installation, ça compte ! Le privé, le public tout ça compte. Certains élus même de droite veulent toucher à ça. »
Il fait référence à la proposition de loi transpartisane portée par le député Guillaume Garot. Et pour Aurélien Rousseau aussi, c’est très clair : « je ne la partage pas et je ne la défendrai pas. Le fantasme qu’il y a d’un côté les cliniques qui se gavent et de l’autre les hôpitaux qui en bavent… Si c’était si manichéen, le problème serait réglé depuis longtemps. »
Voilà un beau préambule d’une soirée riche qui a parlé de l’hôpital et de la Santé, du vieillissement des populations, mais aussi des solutions.