Plus de six Français sur dix jugent l'univers de la psychiatrie "anxiogène", et 19% en ont même "très peur", selon le baromètre réalisé par l'institut CSA pour le CNUP et deux associations étudiantes (ANEMF et AFFEP), auprès d'un échantillon de 1 000 personnes représentatives du "grand public", mais aussi 600 étudiants en médecine et 500 lycéens.
Pour 46% des interrogés (qui se disent "tout à fait d'accord" ou "plutôt d'accord"), les personnes hospitalisées en psychiatrie sont "généralement enfermés", et 44% pensent qu'elle "ne fait qu’assommer les gens de médicaments". Une majorité jugent le métier "dangereux".
Même parmi les étudiants en médecine, 37% disent en "avoir peur", un nombre qui chute à 24% s'ils ont déjà effectué un stage spécialisé.
En 2023, 67 des 547 places de psychiatrie sont demeurées vacantes aux ECNi
Camisoles de force, sédatifs : ces peurs relèvent de "croyances héritées des pratiques d'un autre temps", déplore le CNUP, alors que l'enfermement sous contrainte ne concerne "qu'une part infime" des patients, a assuré lors d'une conférence de presse le président du CNUP, Olivier Bonnot.
"Historiquement, quand la psychiatrie n'avait pas de moyens thérapeutiques efficaces, ça a pu se passer comme cela mais depuis les années 1970, la psychiatrie a beaucoup évolué" vers "l'autonomie des patients, des relations collaboratives, des prises en charge ambulatoires", a fait valoir Marie Tournier, professeur à l'université de Bordeaux.
Par ailleurs, la distinction entre les différentes professions liées à la santé mentale (psychiatres, psychologues, psychanalystes...) "n'est pas claire" pour 51% des français.
Alors que les besoins augmentent -un Français sur cinq est touché dans sa vie par des troubles psychiques- la psychiatrie n'attire plus : en 2023, lors des dernières ECNi, 67 des 547 places de psychiatrie sont demeurées vacantes.
Les étudiants en médecine jugent la psychiatrie "moins prestigieuse" que d'autres spécialités (à 62%), "trop isolée" (63%) ou pensent que la recherche y est "moins intéressante". "C'est faux" et "90% des psychiatres sont très heureux" de leur métier, a réagi Olivier Bonnot.
Un spot télévisé sera notamment diffusé la semaine prochaine sur France télévisions et M6, renvoyant vers un site dédié, rempli d'informations et témoignages.
Avec AFP