« Un pistolet chargé sur ma table de nuit » : des personnes malades et handicapées se dressent contre « les dangers » de l'aide à mourir

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De plus en plus de voix de personnes malades et handicapées s'élèvent contre les « dangers » de la proposition de loi sur l'aide à mourir qui risque, selon elles, de tenter beaucoup de personnes à mettre fin à leurs jours. 

« Un pistolet chargé sur ma table de nuit » : des personnes malades et handicapées se dressent contre « les dangers » de l'aide à mourir

© Midjourney x What's up Doc

Samedi, quelque 300 personnes malades ou handicapées et leurs aidants se sont rassemblés près de l'Assemblée nationale contre ce texte débattu actuellement dans l'hémicycle. 

« Cette loi me fait l'effet d'un pistolet chargé déposé sur ma table de nuit, afin que je mette fin à mes jours le jour où je me dirai que je suis un poids trop important pour mes proches ou que la société me dira que je coûte trop cher », a déclaré Edwige Moutou, 44 ans, atteinte de la maladie de Parkinson.

« Les critères d'éligibilité sont assez flous, puisque quand on a une maladie incurable et qu'on ressent que sa qualité de vie n'est pas satisfaisante, on est éligible », a expliqué la Dr Magali Jeanteur, à l'origine de ce rassemblement sous le mot d'ordre #JesuisÉligible.

« Ça peut englober des millions de personnes, y compris des personnes avec des maladies psychiques ou chroniques, comme l'insuffisance cardiaque, le diabète, la sclérose en plaque », a affirmé la médecin.

Une loi validiste ? 

Elle a posté lundi une vidéo sur le réseau social Linkedin à la demande de son mari atteint d'un locked-in syndrome, qui a été beaucoup partagée et lui a valu des dizaines de messages de soutien.

« Notre vie est difficile, il y a des jours où on peut être tenté de baisser les bras. Et ce jour-là, si l'aide à mourir est plus facile que les aides à vivre qu'on nous propose, on craint que beaucoup ne soient tentés de mettre fin à leurs jours », a-t-elle déclaré, jugeant la loi « très violente pour les personnes handicapées ».

« La vraie dignité n’est pas d’avoir le droit de disparaître, mais d’avoir les moyens d’exister. Je veux être éligible à la vie, pas à la mort », a ajouté Marie-Caroline Schurr, atteinte d'une maladie génétique incurable.

Ces derniers jours, des voix de personnes malades, handicapées et précaires se sont élevées contre cette proposition de loi qui comporte, selon eux, un risque « validiste ».  

Une lettre ouverte soutenue par une quarantaine d’associations et plus d’un millier de signataires pointe « une loi paradoxale », qui « sous couvert de compassion, ouvre la porte à l’euthanasie de personnes malades, handicapées ou précaires, dans un contexte d’effondrement des services publics et de maltraitance institutionnelle »

« Ce texte institue une aide à mourir là ou l’aide à vivre fait cruellement défaut », poursuit le Front de Gauche Anti-validiste, collectif à l’origine de la lettre. « Pour beaucoup de personnes concernées, le risque est clair : cette loi pourrait transformer une souffrance systémique en incitation sociale et prescription médicale de la mort ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/la-consult-de-claire-fourcade-la-loi-sur-laide-mourir-repond-nos-peurs-pas-la-realite-de-ce

Les députés ont achevé samedi l'examen de deux propositions de loi, l'une créant un droit à l'aide à mourir, l'autre sur les soins palliatifs, sur lesquels deux votes solennels auront lieu demain

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