Touchers pelviens : la simu au secours des étudiants… et des patients

Article Article

« – Juste un doigt ». « – Vous ne voulez pas un mannequin d’abord ? »

Touchers pelviens : la simu au secours des étudiants… et des patients

La révélation des touchers pelviens réalisés sur des patient(e)s anesthésié(e)s a ouvert une vaste polémique qui rebondit sur la question de la simulation dans la formation médicale. Sans être une panacée, celle-ci peut apporter des réponses sur plusieurs aspects dans ce sujet, du vécu du patient à la question technique, en passant par le plus important : l’information.

 

Lorsque l’on tape « simulateur toucher vaginal » dans Google, une des premières réponses est une boutique de sex toys… Un sujet scabreux qui tourne au cauchemar : voilà la recette explosive de la polémique sur les examens gynécologiques sur patients endormis. L’introduction de doigts dans les parties intimes de personnes non consentantes s’apparente à un viol. Cela renvoie à différentes problématiques de la relation médecin-patient et de la formation des étudiants en médecine… auxquelles la simulation peut apporter quelques réponses

La technique : un doigt ou deux ?

Pour rentrer dans des considérations pragmatiques, il paraît logique que tous les étudiants passent sur des simulateurs avant de réaliser des gestes sur les patients, comme cela est recommandé par l’HAS. Afin d’éviter, entre autres, que des jeunes externes ne se chuchotent entre eux lors d’une garde aux urgences : « on doit mettre un doigt ou deux dans le vagin ? Et dans l’anus ? ».

Les mannequins dits « task trainers » ou simulateurs procéduraux de touchers pelviens, sont importants pour la première étape de l’apprentissage. François Lecomte, médecin urgentiste formateur sur simulateurs, estime que tous les étudiants devraient se faire la main dessus. « Mais quelle est le pourcentage y ayant accès aujourd’hui ? Il est inconnu. »

Constitués d’un bassin ou juste d’un fessier, les simulateurs permettent de s’entraîner à examiner vagin et rectum normaux et pathologiques, de même que les différentes présentations des fœtus. Une thèse vient d’ailleurs de démontrer (s’il en était besoin) leur utilité. Quant à leur disponibilité, c’est un sujet qui devrait se régler car les centres de simulation sont de plus en plus nombreux, et que le prix des mannequins est en baisse (à partir de 900 euros).

L’annonce : « I have to put you a finger in the ass »

Cependant, la technique n’est pas forcément le plus difficile. Encore faut-il annoncer à un patient qu’il va devoir subir un toucher pelvien. Caroline, jeune médecin, raconte une expérience qui lui est arrivée lors d’un stage de D3 dans un service de polyclinique hospitalier. Un homme d’une cinquantaine d’années, russe, avec qui elle communiquait dans un anglais difficile, est venu consulter pour des problèmes urinaires. Seule avec lui et devant lui faire un toucher rectal, elle n’a pas trouvé d’autres mots que « Sorry, but I have to put you a finger in the ass ». Heureusement le patient ne s’est pas offusqué de la maladresse de ses mots, mais elle aurait aimé être préparée à ce genre de situations.

Pour entraîner les futurs médecins à la communication autour de ces gestes et limiter la gêne réciproque, il est possible de réaliser des jeux de rôles avec des patients simulés joués par des acteurs. 

L’association des simulateurs de tâches et des patients simulés est une bonne manière de préparer les étudiants en médecine aux touchers pelviens. Cependant, la réalité est toujours différente, et plus stressante. Afin de faciliter ces moments inconfortables, il faudrait également que les étudiants ne se retrouvent jamais seuls pour leurs premiers TV/TR, et que les patients soient mieux informés au sujet de ces examens, mais aussi de la formation des étudiants en médecine.

Source:

Sarah Balfagon

Les gros dossiers

+ De gros dossiers