Ségur de la santé : Syndicats de médecins, confédérations et Collectifs sceptiques

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Tant sur le fond que la forme, les organisations représentatives des médecins, mais aussi les confédérations et le Collectif L'inter-urgences restent sceptiques quant à l'annonce d'un nouveau plan de refondation de l'hôpital baptisé par Olivier Véran le "Ségur de la santé". 

Ségur de la santé : Syndicats de médecins, confédérations et Collectifs sceptiques

Pour le moins circonspecte : c’est ainsi que l’on peut qualifier l’attitude des syndicats de praticiens hospitaliers, à l’annonce du ségur de la santé d’Olivier Véran. En effet, ils viennent de signer un communiqué commun en insistant tout particulièrement sur leur statut d’interlocuteurs « naturels » des autorités publiques. Les organisations syndicales signataires de ce communiqué rappellent en préambule qu’elles sont « issues des élections représentatives de juillet 2019 ». Une précision importante puisque le ministère de la Santé a préféré s’affranchir des règles du dialogue social en choisissant lui-même ses interlocuteurs, dont des membres non élus des collectifs inter hôpitaux ou encore Inter-urgences. « Plutôt que de s’adresser aux syndicats représentatifs des personnels hospitaliers, l’exécutif choisit ses propres interlocuteurs et utilise les médias nationaux pour informer les professionnels hospitaliers », s’indignent les syndicats signataires (Jeunes médecins, avenir hospitalier, APH, CMH, INPH, Snam-HP). Et d’ajouter : « Il s’agit là d’un très mauvais message, que nous espérons voir corriger dans les meilleurs délais afin que les termes de dialogue social ne soient pas des mots vides. » Voilà pour la forme.

Visioconférence fourre-tout

Sur le fond, les syndicats signataires rappellent qu’elles ont proposé « depuis des mois des mesures concrètes, nécessaires pour restaurer de manière durable les missions du service public hospitalier. Cela passe notamment par un financement à la hauteur des besoins de nos concitoyens, une gouvernance hospitalière rénovée associant les professionnels aux décisions stratégiques, et un investissement massif dans les carrières hospitalières ». Les syndicats de PH demandent donc au ministère de la Santé « des actes concrets, un calendrier resserré, et un dialogue social de qualité ». L’INPH a par ailleurs publié un autre communiqué pour décrier la visioconférence organisée par Emmanuel Macron avec une dizaine de médecins, jeudi dernier : « La visioconférence « fourre-tout » organisée en toute hâte par le Président de la République ne nous semble pas être la bonne méthode. » Et l’INPH propose son plan de refondation de l’hôpital public, un « nouveau contrat social » qui permette de reféfinir les missions de l’hôpital public, de revisiter le statut des praticiens, de repenser le financement. Pour ce faire, il faut aussi remédicaliser la gouvernance, revaloriser les rémunérations… Joint par WUD, le président d’une autre intersyndicale, Avenir Hospitalier, le Dr Renaud Péquignot, se dit très inquiet et perplexe quant à la méthode employée par le ministère de la Santé pour lancer ce dialogue social. « Nous avons appris cette nouvelle concertation, le Ségur de la Santé, via la presse, et les mots employés sont inquiétants. On a l’impression d’une remise en cause des 35 heures… Quoi qu’il en soit nous n’allons pas gâcher cette volonté de dialogue. » 

La CGT santé action sociale a pour sa part décidé de manifester sa colère en organisant, justement, les mardis de la colère, du 19 mai au 16 juin. « La nécessité de rester visible et de maintenir la pression engage à une stratégie revendicative plus structurée de la part de la Fédération Santé et Action Sociale. C’est ce constat qui a conduit la Fédération Santé et Action Sociale à proposer un mois revendicatif du 19 mai au 16 juin, ponctué par une journée d’action et de mobilisation hebdomadaire les mardis », écrit la Fédération CGT santé action sociale. 

Le Collectif inter Urgence qui le premier a décidé de se mettre en grève en mars 2019 pour protester contre les conditions de travail aux urgences, a décidé de battre le pavé de nouveau dès le 16 juin prochain, sans attendre les résultats de la concertation Ségur de la santé : « Ne croyez pas que nous attendrons sagement que votre plan soit officiel et que vous nous tendiez notre petit "susucre", avec le risque habituel d'avoir toujours les mêmes traîne-savates dans les couloirs des ministères, à imposer leur plan alors même qu'ils n'ont jamais dénoncer les conditions d'accueil et de travail sur le territoire et puis des technocrates qui vont nous remettre des mesures qui sont dans les cartons depuis longtemps. Terminé la technocratie et ses chiffres, il est temps de remettre l'humain au coeur de la chaîne de soins. » 

 

 

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