Respect des règles sanitaires : Les normes sociales, plus forte que la peur

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En matière de respect des règles sanitaires, les normes sociales seraient une motivation plus efficace que la peur.

Respect des règles sanitaires : Les normes sociales, plus forte que la peur

L’influence sociale, principal facteur d’adhésion aux règles sanitaires ? C’est en tout cas ce que semble démontrer une étude, publiée dans la revue The British Psychological Society, menée par une équipe internationale de chercheurs en comportement collectif. Fin janvier, ce groupe, composé notamment de Guillaume Dezecache du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (CNRS), a démontré que la responsabilité individuelle en matière de restrictions sanitaires s’efface devant l’influence négative ou positive du groupe.

6 500 personnes interrogées au travers le monde

Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont mené une étude d’ampleur en récoltant les témoignages de 6 500 personnes provenant de 140 pays du monde. L’objectif ? Connaître dans quelle mesure l’adhésion aux règles sanitaires de leur cercle social proche influait sur leur propre comportement. Cela, quelle que soit la sévérité des mesures en vigueur dans leur région.

L’influence sociale, un moteur efficace de l’adhésion

Résultat, le modèle d’adhésion sociale a appuyé leur hypothèse selon laquelle « l’adhésion perçue » de son entourage proche est le principal moteur du respect des règles sanitaires. « Les analyses de régression bayésienne contrôlant la rigueur des mesures locales ont montré que les gens se distanciaient le plus lorsqu'ils pensaient que leur cercle social proche le faisait », indique notamment les chercheurs. Une analyse « importante » puisqu’observable aux quatre coins de la planète. Cela, quels que soient « le groupe d’âges », le « sexe », la « gravité de la pandémie », ou la « force des restrictions », énumèrent les chercheurs.

La peur, reléguée au second plan

Ainsi, les chercheurs ont démontré que l’influence sociale semblait plus forte que la crainte générée par l’épidémie. « Si le sentiment de vulnérabilité à la maladie influence l’adhésion des gens aux règles, […] le prédicteur le plus fort de l’adhésion est l’adhésion perçue de son cercle proche », poursuivent les chercheurs. Un enseignement que ces experts souhaitent mettre à l’épreuve de la pratique. Et pour cause, « la plupart des campagnes COVID-19 mettent l'accent sur la menace médicale de la maladie », soulignent-ils.

Une stratégie qui, au regard de leurs résultats, mériterait donc d’être optimisée. « Ils soulignent l’importance d’intégrer ces éléments dans les réponses politiques à la pandémie et suggèrent d’impliquer des scientifiques, spécialistes en comportement humain et social lors de la planification des prochaines étapes de la réponse à la pandémie, comme la manière de s'assurer que les gens respectent les restrictions prolongées ou les recommandations de vaccination », indique le CNRS dans un communiqué de presse. Et les chercheurs d’attester, dans leurs recherches : « Pour parvenir à un changement de comportement pendant les crises, les décideurs doivent mettre l'accent sur des valeurs partagées et exploiter l'influence sociale des amis proches et de la famille ».

Un mémo qui mériterait d’être passé aux autorités françaises à l’heure du troisième confinement !

 

Source:

British Psychological Society - Social influence matters: We follow pandemic guidelines most when our close circle does

 

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