Recertification des professionnels de santé : la question qui fâche

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Une proposition de la Grande conférence de santé

Recertification des professionnels de santé : la question qui fâche

La Grande conférence de santé, qui s’est terminée la semaine dernière, prévoit la mise en place d’une recertification régulière des professionnels de santé. Une proposition qui divise les médecins.

 

La recertification des professionnels de santé est l’avant-dernière proposition de la Grande conférence de santé qui s’est clôturée la semaine dernière, et elle risque de faire couler beaucoup d’encre. Bien que limitée aux nouveaux installés et aux médecins volontaires, elle ne passe en effet pas du tout chez les syndicats médicaux, et notamment chez le premier d’entre eux.

« La CSMF dénonce cette mesure contraignante qui ignore les efforts déjà consentis par les médecins libéraux en matière de formation et d’évaluation de leurs pratiques », écrivait dans un communiqué publié jeudi dernier Jean-Paul Ortiz, son président.

Et pourtant, la recertification n’est autre qu’une proposition… du Conseil de l’Ordre ! « Nous proposons une véritable recertification périodique des professionnels tous les six ans », assénait le Dr Patrick Bouet, président du CNOM, le 26 janvier dernier en présentant les propositions ordinales pour l’avenir de la santé.

« Il ne s’agira pas d’un exercice de contrôle, mais d’un exercice de promotion », tempérait toutefois Patrick Bouet. L’Ordre se verrait d’ailleurs bien aux manettes du dispositif, dont il ne faut pas attendre une sévérité excessive. Le ministère de la santé va dans le même sens. « Ce processus sera organisé par les professionnels eux-mêmes et il ne sera en aucun cas un dispositif de re-diplômation », assure à What’s Up Doc le cabinet de Marisol Touraine.

Recertification et simulation

Alors, tous les médecins seraient-ils réticents à l’idée d’une recertification véritablement contraignante ? Loin de là. Ce n’est en tout cas pas le cas du Pr Jean-Claude Granry, chef du Pôle anesthésie-réanimation et médecine d’urgence du CHU d’Angers.

« Je pense qu’il y a une priorité absolue en termes de recertification, ce sont les médecins qui font des remplacements à droite à gauche », déclare-t-il. « Il y a des gens qui se baladent dans la nature, et on a peu de connaissances sur leurs compétences ». Et le professeur d’ajouter : « il peut s’agir de médecins étrangers, mais pas uniquement ».

Mais le problème des remplaçants n’est pas le seul. « Le DPC aujourd’hui ne marche pas très bien », remarque l'Angevin. Alors, que faire ? « Il faut contrôler les connaissances, les compétences et les comportements. La simulation peut être un excellent outil pour le faire ».

Jean-Claude Granry sait de quoi il parle : il a co-rédigé en 2012 un rapport sur la simulation en santé, et note d’ailleurs que dans certains pays comme les Etats-Unis ou le Canada, la recertification des médecins est une pratique courante et que la simulation y joue son rôle.

Mais en France, c’est pour quand ? La feuille de route de la Grande conférence de santé prévoit la mise en place d’un groupe de travail pour définir les modalités concrètes d'application de la recertification dès 2016. Petit détail : elle précise également qu’une mesure législative sera nécessaire. Le bon vieux DPC a encore de beaux jours devant lui…

Source:

Adrien Renaud

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