Pourquoi l’exercice coordonné pluriprofessionnel séduit les jeunes médecins ?

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Plus de dix ans après sa création, la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) devient "Avecsanté" et lance son organisme de formation "Form’Avec". Un exercice coordonné pluriprofessionnel qui séduit de plus en plus de jeunes médecins. Mais pourquoi donc ?
 

Pourquoi l’exercice coordonné pluriprofessionnel séduit les jeunes médecins ?

« Nous sommes un mouvement de professionnels de santé de soins primaires qui porte des valeurs : celles de l’exercice pluriprofessionnel et coordonné. Notre mot d’ordre, c’est de sortir des sentiers battus, d’innover pour construire l’offre de santé de demain », a déclaré Pascal Gendry, le président de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) qui organisait une conférence de presse à Paris le 11 octobre pour annoncer son changement d’appellation ("Avecsanté") et son nouvel organisme de formation "Form’Avec" (lire encadré ci-dessous)
 
La FFMPS devient donc "Avecsanté" qui signifie « être avec les autres », a précisé Pascal Gendry. « Quand on est dans une équipe, on est avec d’autres professionnels et d’autres professions en pluripro, donc on n’est pas seuls. De plus, cette équipe est avec un milieu dans lequel elle évolue, avec des patients, des spécialistes de deuxième recours… »

Co-construction avec les professionnels et les patients 

Selon Patrick Vuattoux, médecin généraliste et vice-président d’Avecsanté, « les équipes de professionnels coordonnées de proximité offrent la meilleure réponse aux habitants ». Et de citer l’exemple d’une équipe pluriprofessionnelle dans le Vercors qui désirait proposer un exercice physiologique pour les personnes atteintes de maladies chroniques. La réponse a pris la forme d’une co-construction avec les professionnels de santé et les patients, pour, par exemple, trouver des financements (ARS, CPAM…).
 
Cette co-construction a permis également de « rompre l’isolement des patients qui ont travaillé ensemble pour obtenir ces financements ». Résultat : « autrefois, certains patients n’étaient pas capables d’aller à la boulangerie située en haut du village, c’est aujourd’hui possible », s’est félicité Patrick Vuattoux qui considère que l’exercice coordonné pluriprofessionnel « permet au professionnel d’aller au-delà des champs cadenassés par la nomenclature qui est limitative. Cela permet donc d’avoir une prise en charge plus large. »
 
« Prendre en charge seul un patient dans la continuité devient mission impossible »
 
Par ailleurs, ce mode d’exercice séduit de plus en plus les jeunes médecins. Lors des dernières rencontres de la FFMPS en mars dernier à Dijon, 65 % des participants avaient moins de 45 ans. « Les jeunes médecins sont sans doute attirés par l’émulation intellectuelle que l’on retrouve dans l’exercice pluriprofessionnel qui est une garantie de qualité en termes d’offre de soins », a estimé le Dr Vuattoux. Et d’évoquer la notion de rencontres formelles et informelles : « On n’est pas toujours dans le même endroit, mais, en tout cas, on communique, et on peut se dire les choses. Sur le plan humain, c’est un point important. Un soignant est un être humain : il encaisse, il donne beaucoup, mais, à un moment donné, il faut aussi qu’il recharge ses batteries. Donc l’équipe est source d’énergie. Les étudiants le savent, c’est ce qu’ils recherchent dans l’exercice pluripro. Mais actuellement, les 13 000 professionnels de santé travaillant dans 1 600 maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) qui existent ne sont pas en capacité d’accueillir le flot d’étudiants sortants, donc il va falloir créer, aider, accompagner… »

Équilibre entre vie privée et vie professionnelle 

Enfin, l’exercice pluriprofessionnel et coordonné permet de trouver un juste équilibre entre vie privée et vie professionnelle. « L’organisation professionnelle est telle au sein de ces équipes que l’on a l’opportunité d’avoir un super équilibre de vie, et ça, ça n’a pas de prix. Et, quand on est bien quelque part, on y reste, on assure la pérennité de l’offre sur ce territoire », a constaté le Dr Vuattoux qui affiche l’ambition suivante :
 
« Que chaque français puisse dans dix ans avoir accès à un exercice coordonné partout il se trouve. C’est notre mission d’accompagner ce mouvement. » Un objectif qui semble atteignable quand on sait que 6 millions de Français sont suivis par des équipes de soins primaires, selon Patrick Vuattoux.
 

Un nouveau cycle de formation en 2020
Dès le 1er semestre 2020, le nouvel organisme de formation « Form’Avec » proposera un 1er cycle de formations pluriprofessionnelle sur les soins non programmés et les organisations territoriales, mais aussi sur l’accompagnement en équipes de certaines pathologies, comme l’accompagnement de personnes insuffisantes cardiaques dans une équipe de soins primaires. Objectifs : faciliter l’organisation et la structuration des équipes de soins primaires ; améliorer la qualité de soins via une approche pluriprofessionnelle ; renforcer les synergies pluriprofessionnelles en équipe, avec le soutien des fédérations régionales. Précision importante : les heures de formation effectuées ne viendront pas en déduction des formations monoprofessionnelles.

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