Pourquoi les Santards veulent passer les ECN civiles ?

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On les appelle les démissionnaires. Ils représentent 15 à 20 % des promotions de Santards, ces 80 à 100 jeunes bacheliers qui intègrent après un cours sélectif le Service de Santé des Armées (SSA) afin d’acquérir une formation double de militaire et de médecin. 

Pourquoi les Santards veulent passer les ECN civiles ?

Pourquoi souhaitent-ils quitter l’armée avant le passage des ECN ? Pour deux raisons principales. D’une part, certains jeunes Santards ont du mal à se projeter dans leur avenir avec les obligations inhérentes à leur métier de militaire : discipline, déménagements, participation aux opérations extérieures… D’autre part – et c’est le cas le plus fréquent – parce que les possibilités de spécialisation au sein du SSA sont limitées, tout comme les lieux de formation. Or, certains jeunes se découvrent au cours de leurs études une vocation pour des spécialités – dermatologie, rhumatologie, gynécologie, chirurgie… - dont le nombre de postes mis au choix pour les militaires (calculé hors ECN civils) est restreint, et diminue comme peau de chagrin chaque année, du fait de la fermeture de certains hôpitaux militaires.

21,8% de spécialisation pour les Santard

Ainsi, aux ECN militaires 2012, 30 % de postes de spécialités hors médecine générale (dont 8,9 % de chirurgie) étaient disponibles, contre 52,8 % pour les civils. En 2019, les Santards seront 21,8 % à se spécialiser (hors médecine générale) contre 61 % des civils : un seul interne militaire pourra être anesthésiste, un seul radiologue, un chirurgien digestif… Les autres deviendront médecins généralistes affectés en caserne, « un poste où on voit 4 patients par jour et qui est sans intérêt », explique un jeune Santard. C’est l’absence de choix qui est avant tout mise en avant par les démissionnaires. 
« Mon enfant a passé un concours pré-Paces très difficile. Il est brillant. S’il passait les ECN dans le civil, il pourrait avoir la spécialité de son choix », explique un père d’étudiant. En se fondant sur ce constat, certains jeunes Santard ont adressé des demandes de démissions (toutes rejetées) voire des recours – eux aussi rejetés - auprès de la commission des recours militaires (CRM). Pourtant, des étudiants sont prêts à « racheter » leur années militaires, c’est-à-dire à rembourser les salaires reçus afin d’être libérés et accéder à un exercice civil de la médecine. Jusqu’à présent, cette possibilité existait, mais depuis deux  ans toutes les demandes se sont heurtées à des refus. 
Mais dans un contexte de déficit de personnel de santé, en particularité en casernes, la Grande Muette n’est pas prête à laisser partir ses recrues. En outre, les 8 627 candidats aux ECN civils sont-ils prêts à voir un certain nombre des postes qui leur sont promis être choisis par des internes militaires démissionnaires et bien souvent brillants ? Pas sûr. 
 
 

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