Le professeur Didier Raoult, au cœur de la polémique concernant les vertus ou les méfaits de l’hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19, n’est pas du genre à baisser les bras. Après avoir publié une première étude clinique le 13 mars dernier, concluant aux résultats positifs de l’hydroxychloroquine, associé à l’azithromycine, dans le traitement du Covid-19, tout de suite contestée par de nombreux chercheurs pour les biais de cette étude, il publie un nouvel essai clinique ce 27 mars sur l’association Hydroxychloroquine/azithromycine, incluant cette fois-ci 80 patients. Sur ces 80 patients, relève le professeur Raoult, dans l’abstract de cette étude, « nous notons une amélioration clinique sauf pour un patient de 86 ans qui est décédé, et pour un autre patient de 74 ans qui est encore en soins intensifs. Une rapide chute de la charge vitale, par teste nasopharyngé a été notée, avec 83% de résultats négatifs au jour d’aujourd’hui 7, et 93% au jour 8. Les patients en moyenne ne sont plus contagieux après la 5 jours. » Première des critiques émises contre cette étude : l’absence de groupe contrôle. Mais le professeur Raoult justifie le peu d'orthodoxie de cette étude :
Notre étude porte sur 80 patients, sans groupe contrôle car nous proposons notre protocole à tous les patients ne présentant pas de contre-indication.
C'est ce que nous dicte le serment d'Hippocrate que nous avons prêté. https://t.co/6f8e1tXNns https://t.co/Y91bsFOgB2— Didier Raoult (@raoult_didier) March 28, 2020
Aussi, comme le commentait le Pr Laurent Thines, cette deuxième étude « ne prouve rien : 98% des malades Covid19 vont bien. On le savait. Par ailleurs, ne plus avoir de virus dans le nez n’équivaut pas à ne plus être contagieux… S’il est dans le poumon. Enfin, le test nasal n’est pas fiable d’après votre première étude. »
Votre 2eme étude ne prouve rien de plus: 98% des malades Covid19 vont bien. On le savait.
Par ailleurs, ne plus avoir de virus dans le nez n’équivaut pas à ne plus être contagieux…si il est dans le poumon.
Enfin, le test nasal n’est pas fiable d'après votre 1ere étude.
— Dr ou Pr. Laurent Thines (@LaurentThines) March 29, 2020
Pas de quoi désarçonner pour autant le professeur Raoult, qui publiait un nouvel article rendu public le 29 mars, lequel établissait que la « saison 2019-2020 a été jusqu'ici marquée par une baisse de la mortalité liée à des infections respiratoires virales dans la région de Marseille ».
Nouvel article publié en preprint sur notre site : la saison 2019-2020 a été jusqu'ici marquée par une baisse de la mortalité liée à des infections respiratoires virales dans la région de Marseille (Giraud-Gatineau et al, 2020).https://t.co/PLAnwhEVqM pic.twitter.com/HClnYBuwva
— Didier Raoult (@raoult_didier) March 29, 2020
Enfin, le professeur Raoult se vantait, dans un dernier Tweet, d’avoir pu traiter dans son Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée 1003 patients atteints de Covid-19 et de n’avoir enregistré qu’un seul décès.
1003 patients traités à l'@ihu_marseille avec le protocole hydroxychloroquine-azithromycine.
Notre priorité est de guérir les patients diagnostiqués positifs au COVID-19.
Merci aux équipes de diagnostic et de soin qui se mobilisent jour et nuit.#SFMPhttps://t.co/V6HiXiuHUM pic.twitter.com/ohKeHctkYr— Didier Raoult (@raoult_didier) March 29, 2020
Toujours est-il que la « folie » hydroxychloroquine a eu des effets néfastes dans la région Nouvelle Aquitaine. « Des cas de toxicité cardiaque ont été signalés en Nouvelle Aquitaine suite à des prises en automédication de Plaquenil® (hydroxychloroquine) face à des symptômes évocateurs du Covid-19, ayant parfois nécessité une hospitalisation en réanimation. Face à ce constat, l’ARS Nouvelle-Aquitaine alerte sur les dangers de l’hydroxychloroquine qui ne doit en aucun cas être prise en automédication », rappelle l’ARS Nouvelle Aquitaine dans un communiqué.