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La tribune est parue hier dans le journal Le Monde. Les signataires – des psychiatres dont Antoine Pélissolo, des pharmaciens et pédopsychiatres, l’association Bicycle, etc. – déplorent que « certains psychotropes ne sont en effet pas remboursés par la sécurité sociale dans le cadre de leurs usages en psychiatrie, et ce malgré le niveau de preuve tels qu'ils sont mondialement recommandés ».
Ils soulignent que cette rigidité « exclut les patients les plus démunis de l'accès à des traitements qui sont parfois les seuls efficaces », « une situation particulièrement vraie en médecine extra-hospitalière où les psychiatres sont plus susceptibles d'être contrôlés par la Caisse d'assurance maladie pour des prescriptions hors AMM », c’est-à-dire des médicaments prescrits pour une maladie ou un trouble autre que celui officiellement autorisé par les autorités sanitaires.
Or, en psychiatrie, 43,5 % des prescriptions se font hors autorisation de mise sur le marché (AMM), précisent-ils.
Ces molécules « parfois indispensables » diminuent selon eux « considérablement le recours à d'autres prises en charge (bien plus coûteuses quoique remboursées) » mais aussi le taux d'hospitalisation, la fréquence de consultations et des arrêts de travail.
« La possibilité pour un praticien de faire accéder son patient au remboursement de ces molécules sans être inquiété par la CPAM est une mesure peu coûteuse pouvant être adoptée sur directive ministérielle », écrivent-ils.
Tensions d'approvisionnement jusque fin 2025
L’adoption d’une telle mesure pourrait aussi, selon eux, « partiellement pallier la pénurie de psychotropes frappant le pays » depuis le début de l’année.
Ils demandent que « soit établie la liste des médicaments dont les patients de psychiatrie doivent pouvoir bénéficier quelles que soient leurs ressources, y compris si cela implique une prise en charge par la CPAM alors que la molécule n'a pas d'AMM dans cette indication ».
Les approvisionnements de médicaments à base de quétiapine, souvent prescrits pour traiter la schizophrénie et les troubles bipolaires, vont rester compliqués au moins jusqu’à la fin de l’année, a prévenu lundi l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
L’autorité sanitaire maintient aussi un suivi hebdomadaire de la situation d’autres antipsychotiques (rispéridone, chlorpromazine, venlafaxine, téralithe), confrontés à des difficultés d’approvisionnement à des degrés divers.
Alors que la santé mentale est « grande cause nationale » en 2025, ces pénuries sont une épreuve pour les malades, pour qui un arrêt brutal de traitement peut avoir des conséquences dramatiques.
Avec AFP
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