Moi, médecin, ma^itre du monde : une exception francaise ?

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Les professions de santé intermédiaires et les délégations de tâches ont le vent en poupe… à l’étranger

Moi, médecin, ma^itre du monde : une exception francaise ?

Les médecins français n’aiment pas qu’on marche sur leurs platebandes. Dernière polémique en date, relatée par nos confrères d’espaceinfirmier.fr : le dépistage des enfants entrant en 6e, que le Ministère de l’éducation nationale voudrait confier aux infirmières scolaires. Face à une telle proposition, le Conseil de l’ordre dégaine l’argument d’autorité, et supplie les autorités de  « ne pas priver les enfants de 11 ou 12 ans de compétences que seul le médecin peut apporter dans le domaine de la prévention ».

Les exemples de l’actualité récente sont légion : il suffit de penser à la fronde médicale qu’a suscitée la proposition (pour l’instant abandonnée) de donner aux pharmaciens la possibilité d’effectuer certaines vaccinations dans le cadre de la loi Touraine.

Il faut se rendre à l’évidence : dans notre pays, la moindre délégation d’une tâche médicale aux infirmières suppose la rédaction d’un protocole épais comme un dictionnaire, et doit être validée par une kyrielle d’autorités… Les médecins français sont-ils les seuls au monde à vouloir tout faire, tout contrôler en matière de santé ? Peut-être.

Du district sanitaire africain aux « nurse practitionners » américains

Si l’on tourne son regard vers l’Afrique, on constate que, dans le cadre du système du district sanitaire adopté par de nombreux pays, des infirmiers gèrent seuls des centres de santé qui sont les structures de premier recours pour la population et dans lesquels se déroulent des accouchements, par exemple.

Les paramédicaux sont placés sous la supervision d’un médecin qui peut avoir la responsabilité d’une dizaine de centres, voire bien davantage dans certains cas. Cette situation est dictée par la pénurie de personnel médical, mais les pays pauvres ne sont pas les seuls à confier des responsabilités importantes à des non-médecins.

Aux Etats-Unis par exemple, deux professions de santé intermédiaires aux noms difficilement traduisibles ont le vent en poupe : les « nurse practitionners » et les « physician assistants ». Ni médecins, ni infirmiers, ces professionnels sont capables d’effectuer des diagnostics et de prescrire des traitements dans de nombreuses situations… et ils sont très demandés.

Forbes remarquait récemment qu’ils étaient bien plus recherchés par les recruteurs américains que la plupart des spécialités médicales. Et dans un classement établi par le « US News and World Report » au début de l’année, les « nurse practitionners » étaient classés 2e profession la plus attractive du pays, derrière les dentistes (1ers) et devant les médecins (4e).

De quoi remettre en cause l’idée un peu franchouillarde de l’omnipotence médicale, non ?

Source:

Adrien Renaud

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