Michel Barnier : 50 ans de vie politique, 4 ministères, mais très peu de Santé

Article Article

Au cours de sa longue carrière politique, le nouveau Premier ministre de 73 ans ne s’est pas illustré par son obsession pour les questions de santé. Mais en remontant un peu dans le passé, on peut dénicher quelques bribes de programme.

 

Michel Barnier : 50 ans de vie politique, 4 ministères, mais très peu de Santé

Gabriel Attal et Michel Barnier lors de la passation de pouvoir le 5 septembre 2024 © Capture d'écran Public Sénat

Dans son discours d’investiture sur le perron de l’hôtel Matignon hier, le nouveau Premier ministre a énuméré les priorités de sa mission à la tête du gouvernement. 

« Je pense (…) à l'accès aux services publics, et l'école restera bien la priorité du gouvernement. Je pense à la sécurité au quotidien, je pense aussi à la maitrise de l'immigration… », a-t-il énuméré.

Services publics donc, mais pas de santé en tant que telle. Et pour cause, en cinquante ans de vie politique, Michel Barnier n’a jamais occupé de poste dans le secteur sanitaire. 

Côté professionnel, son expérience dans le domaine se réduit à un bref passage à la tête d’une holding de sociétés de biologie, où il était notamment en charge des relations avec les « grands groupes de santé internationaux ».

Pour autant, la santé est « un sujet qui va le préoccuper », a assuré hier son frère cadet, médecin généraliste à la retraite, au Quotidien du médecin

Un choc d'attractivité pour l'hôpital 

En effet, en remontant les années, on retrouve plusieurs sorties médiatiques du nouveau Premier ministre sur le système de soins notamment pendant la primaire républicaine de la campagne présidentielle de 2022. 

A l’époque, Michel Barnier défend même dans l’Express « un grand plan de recrutement, de formation et d’investissements » pour les hôpitaux, soutenant un choc d’attractivité pour « cesser de décourager les vocations » des soignants.

Afin d'augmenter les salaires des soignants « comme prévu par le Ségur de la santé », il ambitionne d'économiser sur la « suradministration » des hôpitaux, composés selon lui d’une part trop importante de personnels non-soignants. 

« Le Ségur de la santé a malheureusement été une formidable occasion manquée, une rustine qui ne s’est pas attaquée aux problèmes de fond », dit-il en 2021 à l’hebdomadaire.

Côté déserts médicaux, la directrice de campagne de Michel Barnier confie, au même moment, au Quotidien du médecin vouloir élargir les possibilités de stages des internes, tant dans les cliniques qu’en cabinet, voire à « prolonger d’un an » l’internat de médecine générale.

Par le passé, contre le remboursement de l’IVG

Tout au long de la campagne, le Républicain défend une politique anti-immigrationniste, qui comprend notamment la suppression de l’Aide médicale d’État (AME - qui permet l’accès aux soins des personnes en situation irrégulière), « sauf cas d’urgence ».

S’il n’a pas occupé de fonction ministérielle liée au secteur, Michel Barnier a toutefois vu défilé plusieurs projets de loi de santé, au cours de ses différents passages à l'Assemblée nationale, qu'il intègre pour la première fois en 1978.

En 1982, alors député RPR, il votait notamment contre le remboursement de l’IVG par la sécurité sociale, et pour l’interdiction de son remboursement par les mutuelles, prévus dans la loi Roudy, adoptée après déclaration d’urgence.

Plus tard, il a également voté contre la loi Évin relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme.

Les médecins libéraux restent prudents

Plusieurs syndicats de médecins libéraux ont salué avec prudence la nomination de Michel Barnier à Matignon, l'appelant à investir massivement dans la médecine libérale pour respecter « le choc d'activité » promis par l'exécutif précédent. 

Le Syndicat des medécins libéraux (SML) attend du Premier ministre des mesures rapides comme « la protection des médecins contre les violences » ou le « transfert des tâches administratives et non un transfert des tâches médicales », a-t-il indiqué hier dans un communiqué.

Une mesure partagée par le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, qui a appelé sur X (ex-Twitter) le nouveau locataire de Matignon à « libérer les professionnels de santé du carcan administratif qui les étouffe ».

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/michel-barnier-premier-ministre-qui-sera-son-ministre-de-la-sante

S’il salue, à l’instar de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), « l’européisme affiché » de Michel Barnier, le SML rappelle que l’Europe a parfois imposé « des directives déstructurantes comme l’activité partielle ou plus récemment la pratique de l’épilation laser par des esthéticiennes ».

« Cela se joue dès cet automne avec les discussions du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2025 », a ajouté le président de la CSMF, Franck Devulder. 

Aucun commentaire

Les gros dossiers

+ De gros dossiers