Marcel Proust ? Un vrai fils de…

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« Tu seras médecin comme moi, mon enfant. » Nombreux sont ceux qui ont obéi à cette injonction, verbalisée ou subliminale. Mais il y a aussi eu des rejetons de praticiens pour se détourner de la voie familiale toute tracée… et rencontrer le succès. La preuve aujourd’hui avec Marcel Proust.

Marcel Proust ? Un vrai fils de…

« Longtemps, je me suis couché de bonne heure, parce que mon papa médecin disait que c’est bon pour la santé. » Ainsi libellé, l’incipit le plus célèbre de la littérature française n’aurait probablement pas eu le succès qu’on lui connaît. Mais il aurait au moins eu le mérite de rendre hommage au Dr Adrien Proust, hygiéniste qui s’est tout au long de sa vie battu pour le contrôle les épidémies, et dont la gloire scientifique a été en partie éclipsée par les succès littéraires de son fils, Marcel Proust.

On peine d’ailleurs à imaginer père et fils aussi différents qu’Adrien et Marcel Proust. Alors que le premier a passé une grande partie de sa vie à parcourir le monde pour documenter, comprendre et combattre les épidémies, le second s’est progressivement enfermé dans une vie d’ermite, sortant de moins en moins souvent de son appartement parisien. La relation entre les deux hommes est d’ailleurs assez déséquilibrée. Biographe de Marcel cité par le magazine Géo, Jean-Yves Tadié qualifie Adrien de « père assez terrifiant », dont la stature écrasait son fils.

Un hygiéniste convaincu

Côté médical aussi, le Dr Proust était un homme qui n’avait pas peur d’imposer ses convictions. L’une d’entre elles était que les maladies transmissibles « ne naissent jamais parmi nous et sont constamment le résultat d'une importation », ainsi qu’il l’écrit, cité dans le magazine L’Histoire, dans l’une de ses nombreuses publications. En ce début du XXe siècle qui assistait aux débuts de la mondialisation, l’hygiéniste ne cessait de chercher les moyens d’éviter que les germes circulent autant que les hommes et les marchandises, et n’avait pas de mots assez durs contre les Anglais et leur libre-échangisme débridé. Voilà qui résonne de manière très étrange aujourd’hui, à l’heure où les débats font rage sur l’efficacité de la fermeture des frontières face aux variants successifs du covid.

C’est en tout cas en vertu de ces conceptions bien trempées qu’Adrien Proust n’a cessé de se battre pour la mise au point de règlements internationaux permettant d’harmoniser les pratiques de quarantaine et autres contrôles aux frontières. Il rêvait d’une institution internationale capable de faire régner l’ordre dans la jungle sanitaire qu’il observait, et c’est notamment en s’appuyant sur ses idées que fut créé, durant l’entre-deux-guerres, l’Office international d'hygiène publique de la Société des nations (SDN), ancêtre de l’OMS.

On imagine donc les tourments de médecin énergique face à la santé chétive de son fils, asthmatique chronique qui se barricadait chez lui quand son père, selon les dires de Jean-Yves Tadié, « lui disait de faire de l'exercice, de sortir, d'ouvrir la fenêtre ». Les deux hommes se rejoignaient cependant dans le caractère prolixe de leur œuvre : aux milliers de pages d’À la recherche du temps perdu répondent les centaines d’articles pondus par l’infatigable géniteur de l’écrivain.

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