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Cette réforme de 2022 instaure une quatrième année d'internat en médecine générale (soit une dixième année de médecine), pour mieux préparer les étudiants à l'exercice professionnel et favoriser une transition douce vers l'installation en cabinet ou en structure de ville. Elle doit permettre d'attirer certains étudiants vers les déserts médicaux.
Mais les textes réglementaires ne sont toujours pas parus, laissant les internes et maîtres de stage dans l'incertitude sur les moyens alloués, les modalités pédagogiques, ou les conditions de rémunération. À ce jour, les lieux de stage disponibles et encadrants volontaires manquent.
Lors d'un déplacement lundi du ministre de la Santé Yannick Neuder dans les Hauts-de-Seine, une interne a exprimé « plusieurs inquiétudes » : les cabinets de ville accueillant déjà « des internes de premier semestre, de troisième année, des remplaçants, est-ce qu'il y aura de la place pour nous ? Dans les zones isolées, risque-t-on d'être laissés seuls », face aux patients, sans encadrement ?, a-t-elle interrogé.
Peur d'un renvoi vers l'hôpital
Yannick Neuder s'est engagé à publier les décrets au printemps, idéalement en « avril-mai » et à valoriser financièrement la fonction de maître de stage, pour recruter rapidement. Il a missionné Guillaume Bailly, l’ancien président de l’Isni, pour animer un « comité de suivi » de la mise en œuvre.
Quelque 3 700 étudiants seront concernés par cette quatrième année en novembre 2026, selon le ministre.
Mais selon le président de l'Isnar-IMG Bastien Bailleul, dans certaines villes comme Paris, Tours, Strasbourg ou Dijon, « on n'a aujourd'hui que la moitié, voire moins, des promesses de recrutement nécessaires ».
Pour que tout fonctionne correctement, « il faudrait avoir recruté tous (les encadrants) fin 2025 », assure-t-il, réclamant au ministre la « garantie ferme » que « si on n'a pas réussi à une certaine date, on reporte ».
Les internes craignent d'être renvoyés vers l'hôpital, ce qui n'est « pas du tout l'objectif » de cette année de professionnalisation, ajoute-t-il, préférant « maintenir la pression » par la grève. Dans un communiqué commun, les syndicats représentatifs des médecins libéraux ont soutenu la mobilisation.
Les deux autres syndicats d'internes, l'Anemf et l'Isni, ont eux « suspendu » leur participation à la grève, saluant dans un communiqué des « avancées » dans les discussions avec l'exécutif mais précisant que la réforme restait « sous surveillance ».
Avec AFP