Les 5 milliards d’économie sur la santé de François Bayrou passent mal

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L’annonce d’un plan d’économies de 5 milliards d’euros dans la santé, présenté par François Bayrou le 15 juillet, suscite de vives inquiétudes chez les associations de patients. La volonté affichée de « responsabiliser les usagers » et de réviser certaines modalités de prise en charge, notamment celles liées aux affections de longue durée (ALD), est perçue comme une attaque directe contre les personnes malades.

Les 5 milliards d’économie sur la santé de François Bayrou passent mal

© Midjourney x What's up Doc

Une remise en cause du « 100 % ALD » jugée dangereuse

Parmi les propositions qui ont fait bondir les associations : l’idée de « faire sortir » du régime ALD certaines personnes dont l’état de santé « ne justifierait plus » une prise en charge à 100 %. Une perspective que la Ligue contre le cancer juge inacceptable, notamment pour les personnes en rémission.

« Le cancer ne s’arrête pas à la fin des traitements, il y a toujours un après », rappelle Philippe Bergerot, président de la Ligue, qui dénonce une logique d’invisibilisation des patients : « En insinuant que le suivi post-cancer compterait moins, le Premier ministre les renvoie à l’invisibilité ».

La Ligue insiste aussi sur les conséquences financières concrètes de cette proposition. Contrairement aux idées reçues, « le régime actuel “100 % ALD” n’exonère pas les personnes malades de toutes les dépenses », souligne l’association, qui verse chaque année plus de 4 millions d’euros d’aides aux patients en difficulté. Dans un pays où 15,4 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, réduire les prises en charge reviendrait à creuser les inégalités de santé.

France Assos Santé fustige une logique culpabilisante

De son côté, France Assos Santé s’alarme d’un discours qui fait porter la responsabilité des déficits sur les usagers. « L’appel à “responsabiliser” les usagers du système de santé, présenté comme une solution, masque mal l’absence de réponses structurelles à l’augmentation des dépenses », estime l’organisation. Elle y voit une « vision simpliste, voire culpabilisante, de la consommation de soins ».

Le doublement annoncé des franchises médicales cristallise les critiques. « Pourquoi n’est-il pas question de la responsabilité des médecins ? », interroge France Assos Santé, qui dénonce une mesure « injuste et mal ciblée ». Selon elle, les ALD sont déjà synonymes de restes à charge importants, et une telle mesure ne ferait qu’accroître les renoncements aux soins.

Quant aux médicaments dits « de confort », parfois menacés de déremboursement, l’association rappelle leur rôle indispensable : « Certains traitements jugés non essentiels sont en réalité nécessaires pour garantir l’adhésion aux traitements lourds », en oncologie comme en hématologie.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/plan-deconomies-2026-ce-que-francois-bayrou-prevoit-pour-la-sante

Un cap jugé injuste et inefficace

Pour les deux organisations, le cap fixé par le Premier ministre est à la fois injuste socialement et inefficace économiquement. « Ce n’est pas aux patients de compenser les renoncements de la puissance publique », affirme France Assos Santé, qui plaide pour un recentrage sur la prévention, une meilleure régulation de l’offre de soins, et une réforme structurelle intégrant les professionnels aujourd’hui exclus du parcours remboursé.

La réforme des ALD, si elle devait avoir lieu, ne pourra se faire qu’avec les patients, préviennent les associations. « Le traitement des patients en ALD ne peut se résumer à une logique de restriction », insiste France Assos Santé.

Pour la Ligue comme pour France Assos Santé, le discours gouvernemental néglige une réalité : les malades ne sont pas des fraudeurs, mais des citoyens déjà fragilisés. Les rendre comptables de la soutenabilité financière du système reviendrait, selon leurs mots, à « franchir une ligne rouge ».

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