La vie secrète du service d’anesthésie d’Avicenne

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Quand ton collègue est un ex-ministre de la Santé

La vie secrète du service d’anesthésie d’Avicenne

L’un des médecins du service d’anesthésie de l’Hôpital Avicenne, au nord de Paris, a un CV peu banal pour un praticien contractuel : PU-PH, ancien ministre de la Santé en Tunisie… Un collègue pas tout à fait comme les autres.

« Vous, les journalistes, vous êtes incroyables. J’essaie pourtant de me faire tout petit ! » Telle a été la réaction du Pr Mohamed Salah Ben Ammar, ex-ministre de la Santé tunisien et universitaire respecté dans son pays, quand What’s up Doc a réussi à le joindre dans le service de réanimation de l’Hôpital Avicenne (Bobigny, 93) où il exerce désormais à temps partiel. Après avoir vaguement promis de répondre à nos questions un peu plus tard, il a raccroché le téléphone pour ne plus jamais le décrocher.

Mohamed Salah Ben Ammar, qui a eu son diplôme de médecine en France mais son titre de PU-PH en Tunisie, a occupé le poste de ministre de la Santé entre janvier 2014 et février 2015 dans le gouvernement de Mehdi Jomaa : une équipe d’indépendants chargés de gérer la transition entre l’adoption d’une nouvelle Constitution et les élections générales… Quand celles-ci sont arrivées, pas question pour l’anesthésiste de retrouver son ancien poste au ministère (il a notamment été directeur général de la Santé) ou dans un établissement local (il a longtemps officié à l’Hôpital Mongi-Slim de La Marsa, au nord de Tunis). Le voilà qui s’embarque donc pour la France.

Surprise, surprise

« Son exil volontaire en a surpris plus d’un », indique à What’s up Doc un médecin tunisien retraité qui connaît bien les arcanes du système de santé de son pays. Mais à Bobigny, tout semble normal aux anesthésistes d’Avicenne. Une source en interne nous affirme que le passé de Mohamed Salah Ben Ammar est connu de tous, mais « ne fait pas partie des sujets de discussions de l’équipe ». Cette même source indique qu’il s’agit d’un « collègue comme un autre qui a le même statut que les autres médecins du service ».

Le même statut, pas tout à fait. En plus de ses responsabilités à Avicenne, l’anesthésiste siège dans différentes instances internationales : What’s up Doc a notamment retrouvé sa trace au bureau régional de l’OMS au Caire (Égypte), ou encore au comité d’éthique du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Pas vraiment le parcours typique du praticien étranger. Rappelons que beaucoup de médecins tunisiens et d’ailleurs galèrent toujours pour faire reconnaître leur diplôme en France…

Source:

Adrien Renaud

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